Le Parti québécois (PQ) « en aura plein les bras » si le magnat de la presse Pierre Karl Péladeau décide de porter les couleurs du parti aux prochaines élections, estime le premier ministre Philippe Couillard.

Ce serait un retour en politique pour le grand patron de Québecor, qui a démissionné comme chef du PQ en mai 2016 pour des raisons familiales.

Au cours d'une émission de radio à Radio-Canada mardi matin, M. Péladeau a déclaré qu'il était « en réserve de la République » et que sa fille l'avait incité à retourner en politique.

L'actuel chef du PQ, Jean-François Lisée, avait plus tard affirmé qu'il voyait d'un bon oeil la possible venue de PKP dans son équipe. « La porte est grande ouverte », a-t-il dit.

De la Chine où il réagissait à la nouvelle, M. Couillard a ressorti une vieille ligne d'attaque. « Je pense que le Parti québécois en aura plein les bras. Ce n'est quand même pas anodin que le patron de l'organisation de médias qui est la plus répandue au Québec soit également un adversaire politique déclaré ou un partisan politique réactif, a-t-il déclaré. Il n'y a pas beaucoup d'exemples comme ça. Moi je pense que ça suscite des enjeux, et c'est à la société d'en discuter et à lui également d'en discuter. »

« Le rôle combiné d'être propriétaire d'un groupe de presse et un acteur politique actif et partisan est quelque chose de très très sensible, pas juste chez nous, ça le serait partout au monde », a-t-il ajouté.

Quand il était à la tête du PQ, le patron de Québecor n'avait pas confié ses actions dans son empire à une véritable fiducie sans droit de regard, puisqu'il refusait que le fiduciaire puisse décider de vendre ses actions.

Le jurisconsulte Claude Bisson estimait qu'un élu s'exposait à un conflit d'intérêts s'il interdisait au fiduciaire la vente de ses actifs.

« Là-dedans, il y a un matériel immense pour Les Ex, La Joute, les analystes politiques, c'est formidable, a poursuivi M. Couillard. Lorsqu'il fera son annonce, s'il la fait, on en reparlera. »

La sortie de Pierre Karl Péladeau intervient au moment où la formation souverainiste est au plus bas selon ce que suggèrent les derniers sondages, sous les 20 pour cent, tandis que la Coalition avenir Québec (CAQ) et le Parti libéral sont au coude-à-coude en cette année électorale.

Le PQ tient un caucus présessionnel de ses députés d'une durée de deux jours à compter de mercredi à Shawinigan. Il revêt une importance particulière à la suite du départ annoncé la semaine dernière de trois de ses poids lourds, soit Alexandre Cloutier, Agnès Maltais et Nicole Léger. D'autres élus ont aussi fait savoir qu'ils étaient en réflexion, notamment Nicolas Marceau.