La Coalition avenir Québec souhaite uniformiser à l'échelle nationale la taxe scolaire au plus bas taux régional actuel - 10,54 cents par tranche de 100 dollars d'évaluation foncière -, une mesure qui coûterait annuellement à l'État 1,3 milliard pour pallier aux pertes financières que subiraient les commissions scolaires.

Réuni dans les Laurentides avec son caucus parlementaire, François Legault a conclu son dernier point de presse avec cette mesure qu'il souhaite mettre en place graduellement d'ici à la quatrième année d'un premier mandat. Le chef de la CAQ affirme pouvoir financer son plan, tout en réduisant le fardeau fiscal des Québécois et en augmentant les services offerts aux citoyens, notamment en mettant en place un plan de croissance économique ambitieux qui n'a toujours pas été dévoilé. 

Ainsi, selon les évaluations de la CAQ, un propriétaire d'une résidence de 280 000 $ qui habite au Saguenay-Lac-Saint-Jean paierait, en se basant sur le projet de loi libéral sur la réforme de la taxation scolaire, 789 $ de taxes scolaires (le taux pour cette région est de 30,93 cents par tranche de 100 $ d'évaluation foncière, écrit-on). Le plan caquiste prévoit que ce même citoyen paierait désormais le même taux que celui des Laurentides (10,54 cents), ce qui baisserait la somme qu'il doit payer à 269 $.

«Dans les derniers états financiers, le gouvernement avait un surplus de 2 milliards et demi. (...) On sait qu'il y aussi des économies à faire en informatique, puis on présentera [bientôt] un plan économique pour accélérer la croissance. [Donc] oui, c'est possible de réduire les taxes scolaires et mieux financer nos services en éducation», a dit M. Legault. 

Abolir tout simplement la taxe scolaire (ce qu'il avait voulu faire par le passé), alors que la CAQ promet désormais de mettre fin aux élections scolaires, aux postes des commissaires et de transformer les commissions scolaires en centres de services, n'est toutefois plus dans les plans du parti. 

«Si on abolissait complètement [la taxe scolaire], c'est-à-dire qu'on passait de 10,54 cents à zéro, ça coûterait un autre 800 millions. Il faut être responsable [mais] actuellement, c'est indéfendable que les gens au Québec ne paient pas tous le même taux de taxe pour la taxe scolaire», a-t-il affirmé. 

Ses adversaires réagissent 

Cette annonce de la CAQ a vite fait réagir ses principaux adversaires, mardi. Le ministre de l'Éducation, le député libéral Sébastien Proulx, a écrit sur les réseaux sociaux que «François Legault fait de la surenchère en proposant une mesure de plus de 1,3 milliard.» 

«Il nous dit qu'il va financer la différence dans des surplus. [Mais] avec toutes [ses] promesses électoralistes, ce sera inévitablement le retour aux années de déficit», a-t-il affirmé. 

Au Parti québécois (PQ), le porte-parole en matière d'Éducation, Alexandre Cloutier, qui a annoncé la semaine dernière son départ de la vie politique au terme de son mandat, a affirmé que «la CAQ ne dit pas la vérité en affirmant qu'elle pourra baisser les taxes scolaires et les impôts tout en réinvestissant dans les services.»

L'éducation comme thème du caucus 

L'éducation a été le thème central du caucus de la CAQ, alors que s'amorce une année électorale menant au scrutin général du 1er octobre prochain. François Legault a rappelé sa promesse d'instaurer une prématernelle non obligatoire pour tous les enfants de 4 ans, de mettre en place un programme de dépistage précoce des problèmes d'apprentissage (le mandat de son nouveau visage en santé, le Dr Lionel Carmant), ainsi que d'ouvrir les écoles secondaires du Québec de 9h à 17h. 

Devant une foule d'une centaine de militants réunis lundi à l'Hôtel Mont-Gabriel, François Legault débordait d'enthousiasme, porté par les sondages qui lui sont favorables ces derniers mois, tout en y allant de quelques mots de prudence. 

«J'ai besoin qu'on travaille fort pendant les 8 prochains mois. Ça va passer rapidement. (...) Je l'ai dit aux députés, mais je le dis à vous: ne vous prévoyez-vous pas trop de vacances l'été prochain. Il ne faut rien tenir pour acquis. Il n'y a rien de réglé [mais] c'est possible. C'est plus possible que jamais!», s'est-il exclamé.

«Jamais je n'ai été aussi sûr qu'on va, dans huit mois, changer les choses au Québec. L'élection de 2018, après 50 ans d'alternance entre les deux mêmes partis, vous pourrez dire que vous y avez participé. Ça sera une élection historique», a-t-il conclu.