Québec assumera les deux tiers des hausses salariales accordées aux policiers de la Sûreté du Québec (SQ) pour 2018 et accepte de s'asseoir avec les municipalités afin de revoir la formule du partage des coûts entourant les services de ce corps policier.

Le ministre des Affaires municipales, Martin Coiteux, a confirmé mercredi une aide de 22,8 millions alors que plusieurs des 1041 municipalités desservies par la SQ craignaient un choc tarifaire sur le compte de taxes de leurs citoyens.

D'une durée de sept ans - et rétroactive jusqu'en 2015 - l'entente signée au printemps entre le gouvernement Couillard avec l'Association des policières et des policiers du Québec prévoit des hausses salariales de 17,5 pour cent échelonnées sur cinq ans.

« Si je ne faisais pas cette annonce, cela impliquerait pour les municipalités une augmentation de 32 millions qu'elles ne pouvaient anticiper », a expliqué M. Coiteux, aux côtés notamment du président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM), Richard Lehoux.

En vertu de l'aide, l'augmentation des coûts pour les services de la SQ pour les villes devrait passer de 10 pour cent à 3 pour cent. Le corps policier devait envoyer des factures cette semaine aux villes en lien avec les services assurés sur les différents territoires.

Au cours d'un point de presse à l'Assemblée nationale, M. Lehoux a estimé que l'engagement du gouvernement Couillard représentait une « très bonne nouvelle », ajoutant que plusieurs maires allaient probablement « lâcher un soupir de soulagement à la veille de Noël ».

« Le gouvernement reconnaît que (les municipalités) ne peuvent payer les services de la SQ sans subir de choc tarifaire », a-t-il dit.

De son côté, le président de la commission sur la sécurité publique de l'Union des municipalités du Québec, Michel Angers, a expliqué, au cours d'un entretien téléphonique, qu'une intervention était urgente, étant donné que de nombreuses villes travaillent à la préparation de leur budget.

Nouvelle formule ?

Par ailleurs, le gouvernement Couillard a annoncé que les discussions devraient reprendre avec les villes dès le début de 2018 afin de réviser le Règlement sur la somme payable pour la SQ.

Actuellement, les municipalités paient 53 pour cent de la facture liée aux services du corps policier, alors que l'État québécois en assume 47 pour cent. Les municipalités demandent un partage égal de la facture ainsi qu'un mécanisme de « cran d'arrêt », afin que les hausses ne puissent dépasser l'inflation.

Pour M. Lehoux, l'aide de 22,8 millions est un pas dans la bonne direction, mais il reste du travail à faire afin que les municipalités puissent profiter d'une certaine « prévisibilité » au cours des cinq prochaines années.

« Bien que l'écart (du partage de la facture) ait diminué pour 2018, la situation n'est pas réglée pour les années subséquentes », a expliqué le président de la FQM au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse canadienne.

Celui-ci souhaite qu'une solution négociée soit trouvée d'ici le dépôt du prochain budget du ministre des Finances, Carlos Leitao, au printemps.

Pour sa part, M. Coiteux a expliqué que le gouvernement Couillard avait à sa disposition une certaine capacité financière pour agir, sans s'avancer sur ce qu'une modification du règlement pourrait coûter à l'État québécois.

« Nous avions une formule qui avait ses mérites, mais il faut revoir la vision de cette formule », a-t-il dit lors du point de presse.

Le ministre des Affaires municipales n'a fourni d'échéancier quant au moment où un accord pourrait être conclu, rappelant au passage qu'il fallait respecter la capacité de payer des municipalités.