« Le moteur du truck, il commence à être magané. » À moins d'un an des prochaines élections, Bernard Gauthier n'a plus l'énergie pour tenter le saut en politique provinciale. Le porte-parole du nouveau parti Citoyens au pouvoir a annoncé hier sur Facebook qu'il quittait la vie politique, mais qu'il tirait aussi un trait « sur sa vie publique ».

« Je sentais que je l'échappais. [...] J'ai besoin de me déconnecter. Pour un paquet de raisons ; personnelles, familiales et de santé. Ça englobe tout ça », a confié le principal intéressé en entrevue à La Presse. Au bout du fil, le syndicaliste de la Côte-Nord s'avoue à bout de souffle. « Si je continue comme ça, le moteur va péter [...] J'avais un choix à faire, et c'est celui-là. »

Il y a un an, celui que l'on surnomme « Rambo » enfilait ses bottes à cap et annonçait à Québec qu'il entendait briguer les suffrages dans la circonscription de Duplessis, sur la Côte-Nord, sous les couleurs de Citoyens au pouvoir, un parti politique qui voulait « faire le ménage ».

Alors que les formations politiques préparaient la campagne électorale de 2018, Bernard Gauthier a plutôt passé l'automne à mûrir sa décision. « Je ne suis pas loin, mais je suis en train de manquer de gaz. Je sais, certains vont penser que je les abandonne, et ce n'est pas moi, ça. Je n'ai jamais vécu ça de ma vie. C'est une déception pour moi aussi. »

« J'ai une famille, une vie et des proches qui m'aiment aussi. J'ai un choix à faire, et je ne veux pas attendre de ne plus être capable de le faire. »

ADIEU, FACEBOOK

Le représentant du local 791 de l'Union des opérateurs de machinerie lourde fermera aussi vendredi ses deux pages Facebook, qui cumulent quelque 16 000 abonnés. Lui-même très actif sur les réseaux sociaux, il a déjà affirmé recevoir « facilement » plus d'une centaine de messages par jour. Des missives qui ont fini par « peser lourd » et prendre beaucoup de son temps.

« Mes émotions à moi, multipliées par les milliers de personnes qui m'écrivaient. Je sentais leur détresse [...] C'est pesant. Je me suis mis à l'épreuve », a-t-il ajouté. En février, Bernard Gauthier avait confié vouloir « s'imposer des limites », disant qu'il craignait l'épuisement. Il a lui-même souvent enflammé ses pages, notamment avec des propos controversés sur l'immigration.

Il assure n'avoir subi aucune pression de son employeur pour quitter la vie politique et publique.

RETOUR AU SYNDICALISME

Bernard Gauthier s'accorde un congé de « deux, trois semaines » avant de reprendre, dit-il, sa défense des intérêts des travailleurs de la construction de la Côte-Nord, entre autres sur l'enjeu de la mobilité provinciale. « J'ai aussi la ferme intention de redorer le blason du mouvement syndical [...] Il faut redonner au travailleur ce qui lui appartient », martèle-t-il.

Le syndicaliste n'exclut pas de s'impliquer dans la campagne de Citoyens au pouvoir, « la meilleure option » pour les citoyens. L'été dernier, il avait admis que la « ligne de pensée » du groupe d'extrême droite La Meute le rejoignait, avant de s'en distancier en septembre. Pour la suite, il n'a pas l'intention de « toucher » à des groupes comme La Meute ou à d'autres formations politiques.