La Coalition avenir Québec (CAQ) demande à ses militants d'identifier dès maintenant un million de «clients» en vue des prochaines élections générales. Elle promet d'ailleurs «d'augmenter le niveau de stress sur le terrain».

À 10 mois des élections, la formation politique cherche à montrer qu'elle a une machine de guerre. Elle a révélé beaucoup de détails sur sa stratégie électorale numérique, samedi, dans un atelier animé par sa directrice générale et organisatrice en chef, Brigitte Legault.

Identifiant rapidement les 35 à 45 ans comme plus «favorables» à la CAQ, Brigitte Legault a demandé aux bénévoles caquistes de s'approprier un nouvel outil numérique, acquis cet automne au coût d'un million de dollars, pour tenter de les rejoindre.

La «Coaliste» est une application Internet qui centralise les informations sur les électeurs. Elle permet au parti politique d'ajuster son message en fonction des informations qu'il détient, au moment de faire des appels ou du porte-à-porte.

«L'arme secrète» des caquistes servira donc à «cerner le caquiste le plus payant en ville», c'est-à-dire la personne la plus apte à voter pour le parti aux prochaines élections.

Mme Legault encourage les bénévoles à utiliser les scripts déjà conçus par le parti lorsqu'ils s'entretiennent avec les «clients» potentiels. Les questions ont été «testées, testées, testées» au préalable lors de «centaines» d'appels.

«L'élément important, c'est de commencer le plus rapidement possible, a lancé la directrice lors de sa présentation au conseil général de la CAQ samedi, à Sherbrooke. Un coup qu'on vous a donné le secret de la Caramilk, vous êtes capables de le faire.»

«La CAQ est le deuxième choix de 40 à 45 pour cent des gens, il ne faut pas oublier ça», a-t-elle poursuivi en précisant durant sa présentation que «les rouges (qui ne sont pas favorables à la CAQ), c'est les pas fins».

Selon un récent sondage, la CAQ est première dans les intentions de vote au Québec et pourrait former un gouvernement majoritaire en 2018.

Environ 600 militants caquistes sont réunis en conseil général ce week-end. Ils ont adopté des propositions sur le thème de la famille et du développement régional, qui serviront plus tard à écrire la plateforme électorale du parti.

Les libéraux «paniquent»

Par ailleurs, le chef de la CAQ, François Legault, s'est défendu samedi d'être un «bricoleur» et un «amateur».

Il était plutôt flatté des attaques du premier ministre Philippe Couillard, qui ne fait que reconnaître, selon lui, que la CAQ est un véritable adversaire. Selon les députés Éric Caire et Nathalie Roy, M. Couillard est «en panique».

«Quand je rencontre des maires, j'ai l'impression qu'ils me posent des questions pointues comme si c'était fait que je vais être premier ministre bientôt», a déclaré M. Legault aux journalistes.

En tenue décontractée et de bonne humeur, François Legault a identifié certaines de ses priorités. Par exemple, a-t-il dit, le Québec doit faire plus pour stimuler la natalité, car un faible taux de natalité plombe la croissance économique. Le président du parti, Stéphane Le Bouyonnec, a lié la natalité et la préservation de l'identité québécoise.

Les militants ont adopté des résolutions pour soutenir davantage les personnes qui souhaitent avoir des enfants, en les aidant notamment à recourir à la procréation assistée, et en bonifiant les allocations familiales.

Le chef caquiste a également décoché une flèche à l'endroit des libéraux, réunis en congrès samedi à Québec. La présence de l'ancien premier ministre Jean Charest à cet évènement confirme, selon lui, que le Québec a un «gouvernement usé» qui est là «depuis 15 ans» et qui «n'a plus d'idées».

«Le passé est son invité d'honneur», a renchéri le député Caire.

La CAQ a par ailleurs reconnu qu'elle cherche à faire des gains en Estrie. Cinq des comtés dans la région sont actuellement représentés par des députés libéraux, tandis qu'un seul, celui de Granby, est représenté par un caquiste.

Un troisième bain pour les aînés

Les militants caquistes réunis en conseil général samedi ont voté en faveur d'un troisième bain pour les aînés en centres d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD), malgré les réticences du député responsable du dossier, François Paradis.

D'ailleurs, celui-ci a précisé que le parti n'était pas «lié» à la proposition, qui a été adoptée par une large majorité des militants.

Environ 600 sympathisants caquistes sont réunis à Sherbrooke ce week-end. Ils jettent les bases de la prochaine plateforme électorale du parti, en vue des élections générales d'octobre 2018.

Ils ont jugé bon de biffer le chiffre «deux» pour le remplacer par «trois» bains dans la proposition suivante: «La Coalition avenir Québec (CAQ) propose de renforcer la reconnaissance des CHSLD comme milieu de vie de qualité et d'instaurer un cadre normatif pour assurer aux personnes qui y résident au minimum trois bains ou douches par semaine, de doubler le budget des repas, tout en offrant des repas nutritifs, diversifiés et appétissants et mettre en place toutes autres mesures, telles qu'augmenter les ressources humaines, afin de leur assurer une qualité de vie respectueuse et humaine», peut-on lire.

S'il s'engage formellement à doubler le budget des repas, le député Paradis est beaucoup moins tranché sur la question des bains.

Il a pris le micro pour exprimer certaines réserves, qu'il a plus tard répétées en impromptu de presse. Premièrement, certaines personnes ne veulent pas ou ne peuvent pas prendre trois bains par semaine.«On va analyser les moyens que l'on a, a-t-il dit. Tout ce que l'on permet, c'est à des militants de pouvoir exprimer leur vision. (...) Ça n'attache pas à une décision finale.»

Il a rappelé que le Québec vit actuellement une pénurie de main-d'oeuvre, qui se traduit par une difficulté à recruter un nombre suffisant de préposés aux bénéficiaires.

«Ça prend des ressources supplémentaires, a-t-il dit. Ça fait partie de nos préoccupations.»

Le ministre de la Santé réagit

De Québec, où il prend part au congrès du Parti libéral du Québec (PLQ), le ministre de la Santé, Gaétan Barrette a accusé la CAQ de «faire du populisme».

«Le débat a eu lieu. Les experts considèrent qu'on est tout à fait à la bonne place avec un deuxième bain, a-t-il déclaré.

«Posez-leur la question pourquoi pas cinq, pourquoi pas sept? (...) Ça coûte des sous, ça.»

M. Barrette annonçait le 20 septembre dernier un investissement récurrent de 36 millions $ pour l'ajout d'un deuxième bain par semaine pour les résidents des CHSLD.

Il a affirmé que cela entraînerait l'embauche de 600 préposés aux bénéficiaires à temps plein «le plus tôt possible». Le ministre n'a pas caché que le succès de cette annonce était «tributaire de la disponibilité de la main-d'oeuvre».

La proposition de la CAQ, «c'est de la poudre aux yeux, a-t-il dit. Il y a une difficulté à recruter pour des raisons évidentes, alors eux promettent une chose encore une fois qui ne tient pas la route et qu'ils savent qu'ils ne vont pas réaliser.

«Ce n'est pas sérieux.»