Le gouvernement Couillard ne craint pas une nouvelle vague de ressortissants haïtiens massés aux frontières pour revendiquer le statut de demandeur d'asile au Canada. La décision annoncée lundi par l'administration Trump de mettre fin à un programme d'assistance qui existait depuis 2010 n'est que la confirmation d'un geste déjà annoncé, a fait valoir David Heurtel, le ministre québécois de l'Immigration.

«Le gouvernement américain travaille avec le gouvernement fédéral là-dessus. On va tout faire pour limiter la surprise le plus possible», a-t-il souligné à l'entrée de la réunion du caucus des députés libéraux mardi midi. S'il y a une nouvelle vague à attendre, elle viendra des ressortissants d'Amérique centrale. «Il n'y a pas de décision de prise, mais on appréhende une décision américaine», a-t-il indiqué. Les échanges avec l'administration américaine permettent d'espérer que le Québec et le Canada seront mieux préparés que l'été dernier quand il a été débordé par les demandes des Haïtiens. Mais, «on ne s'attend pas à une nouvelle vague tout de suite», ajoute-t-il.

La décision américaine vise les Haïtiens qui avaient été acceptés aux États-Unis après le séisme de 2010. Leur statut est maintenu jusqu'à juillet 2019. Il reste du temps et le gouvernement américain est en contact avec celui d'Haïti pour qu'ils puissent retourner dans leur pays d'origine.

Le Québec travaille étroitement avec Ottawa dans ce dossier. Le ministre Heurtel se rendra à une réunion fédérale provinciale à Ottawa jeudi.

Lundi, l'administration Trump a tiré un trait sur un programme temporaire de résidence qui a fait entrer et travailler aux États unis environ 60 000 Haïtiens. C'était une mesure humanitaire au lendemain du puissant séisme de 2010.

En fait, le programme sera prolongé une dernière fois jusqu'en juillet 2019 afin de donner aux Haïtiens du temps pour préparer leur retour dans leur pays natal, selon l'annonce faite lundi par le département de la Sécurité intérieure.

Cet été, l'annonce que le statut était réexaminé a déclenché l'afflux de milliers de demandeurs d'asile à la frontière entre les États-Unis et le Canada, au poste de Lacolle au Québec notamment, ce qui avait pris au dépourvu le gouvernement Trudeau.

Le Canada prêt à faire face à un afflux de demandeurs d'asile, dit Goodale

Le Canada s'est dit prêt mardi à faire face à un afflux de demandeurs d'asile à ses frontières après l'annonce la veille par les États-Unis de la suppression d'un statut spécial accordé aux Haïtiens.

«Nous nous sommes préparés pour tous les scénarios imaginables», a assuré mardi le ministre canadien de la Sécurité publique, Ralph Goodale.

«Les Américains nous ont indiqué (...) qu'ils feraient tout pour nous prévenir. Et ils semblent d'après l'annonce d'hier vouloir prendre une approche graduelle et accorder des sursis (...). C'est donc très apprécié», a dit le ministre de la Sécurité publique.

«Nous serons évidemment prêts à faire face aux circonstances. Nous mettons en place depuis un certain temps, de concert avec les provinces et les municipalités, un plan d'urgence pour nous assurer (...) que nous appliquons toutes les lois canadiennes et (...) respectons les obligations internationales du Canada en vertu des conventions internationales».

Durant l'été, des milliers de migrants, principalement des Haïtiens, ont franchi la frontière avec le Canada pour y demander l'asile.

Au plus fort de la vague d'arrivées en juillet et en août, des centaines de requérants du statut de réfugié au Canada traversaient ainsi quotidiennement la frontière à travers des zones boisées pour éviter les points de contrôle officiels.

Face à cet afflux soudain, le gouvernement fédéral canadien avait renforcé ses effectifs aux frontières et construit des abris temporaires pour avoir le temps nécessaire de monter les dossiers de demandes d'asile et désengorger en aval les centres d'hébergement.

- Avec Agence France-Presse