Malmené par son caucus dans les deux dernières semaines, Jean-François Lisée renonce à déposer un projet de loi musclé sur la laïcité d'ici Noël.

Le chef péquiste a confirmé mardi ce recul révélé par La Presse samedi dernier.

Le 25 octobre, sans prévenir son caucus, M. Lisée avait annoncé en conférence de presse son intention de déposer un projet de loi ouvrant la porte à l'interdiction du voile intégral (niqab et burqa) dans l'espace public. Il créerait un comité d'experts sur cette question. Ce projet de loi prévoirait également d'interdire les signes religieux pour les gardiens de prison, les juges et les policiers (la proposition du rapport Bouchard-Taylor), mais aussi pour les nouvelles embauches dans les garderies, les écoles primaires et secondaires.

Or, lors de trois réunions du caucus suivant sa sortie, des députés sont montés au créneau pour condamner cette position potentiellement controversée.

Le chef péquiste a par la suite indiqué à huis clos que son parti ne présenterait finalement pas le projet de loi qu'il avait annoncé publiquement, révélait La Presse.

«Nous avons eu effectivement une discussion sur le choix politique d'insérer ces éléments, oui ou non, dans un projet de loi que nous déposerions. Et j'ai constaté qu'il n'y avait pas un consensus assez large pour faire ce choix politique maintenant», a affirmé M. Lisée lors d'une mêlée de presse mardi.

Il dit avoir consulté ses «officiers» et sa porte-parole en matière de laïcité, Agnès Maltais, avant de faire sa sortie. Mais pas son caucus. «Comme il s'agissait d'emballage, comment on emballe une position qui existait déjà, j'ai pensé que ça ferait consensus. De toute évidence, ce n'était pas le cas (...). Je ferais les choses autrement, j'ai surestimé le consensus. Je suis un gars à l'écoute, j'accepte ça, j'admets ça, et je dis : très bien, on corrige.»

Il soutient que ses positions en matière de laïcité, dont sur le voile intégral, sont appuyées par ses députés puisque le caucus avait pris une décision unanime sur le sujet il y a un an. «Notre position fait consensus, et elle ne change pas», a-t-il indiqué.

Or Alexandre Cloutier a fait savoir mardi qu'il n'a «pas changé d'avis» sur le sujet depuis la campagne à la direction du parti l'an dernier. Il s'opposait alors à un débat sur l'interdiction du voile intégral dans l'espace public. «J'ai eu amplement la chance de répondre à tous ces enjeux lors de la course au leadership. Vous savez où je loge sur ces enjeux-là. Je n'ai pas changé d'avis. Je suis tout à fait confortable avec l'approche de Bouchard-Taylor, celle de la main tendue», a-t-il indiqué.

La Presse indiquait que M. Cloutier avait désapprouvé la sortie du chef du 25 octobre lors de réunions du caucus. «On a des occasions de s'exprimer dans nos caucus. J'ai eu la chance de le faire. Si vous voulez connaître le fond de ma pensée, je vous incite à lire mes déclarations précédentes», s'est-il contenté de dire lors d'une mêlée de presse.