Le premier ministre du Québec Philippe Couillard a défendu vendredi l'identité québécoise au sein d'un Canada uni et fédéral, en évoquant au passage les sentiments nationalistes qui agitent la Catalogne ou l'Écosse.

«Au Québec, en Catalogne, en Écosse et ailleurs, nos peuples revendiquent fortement l'expression de leurs identités nationales à l'intérieur d'États ou d'organisations de plus grande taille: le Canada, l'Espagne, le Royaume-Uni, l'Union européenne», a-t-il dit.

«La coexistence de ces deux sentiments est une des clefs menant à un monde plus pacifique», a-t-il plaidé devant le Conseil des relations internationales de Montréal (Corim).

Cette coexistence est, selon lui, préférable à «la fracture irrémédiable de ces grands ensembles» qui mènerait «à des conséquences en cascade que les promoteurs de cette solution préfèrent ne pas voir».

«La coexistence des peuples dans de grands ensembles» doit avoir pour corollaire «la nécessité pour eux de pouvoir exprimer et vivre leur identité propre».

Il a souligné «la force» du double attachement qu'ont les Québécois pour «la nation qu'est le Québec» et leur «sentiment d'appartenance au Canada».

Il s'est dit «fermement fédéraliste» car c'est «la façon la plus moderne de faire coexister les peuples».

M. Couillard espère un jour persuader le gouvernement canadien et les autres provinces de reprendre des négociations en vue d'amender la Constitution canadienne de 1982 pour y faire reconnaître le caractère «distinct» de la société québécoise et un statut de gouvernement pour les peuples autochtones.

«Ce n'est pas banal que la deuxième plus grande province n'ait pas encore adhéré au texte constitutionnel de 1982. Ça n'empêche pas les gens de vivre, mais il faut reprendre un jour cette conversation».

«La reconnaissance collective du Québec doit s'incarner dans celle de notre société distincte, une évidence historique, linguistique et sociologique», a-t-il dit.

Les Québécois ont voté contre l'indépendance de leur province lors de deux référendums, en 1980 et 1995, la dernière fois ne rejetant cette option qu'à 50,6% des voix.