Le ministre québécois de l'Environnement, David Heurtel, s'est défendu d'avoir mis des bâtons dans les roues de TransCanada, jeudi. Selon lui, l'abandon du projet Énergie Est prouve plutôt que le monde s'éloigne du pétrole.

Selon M. Heurtel, la décision de l'entreprise albertaine «devenait évidente pour elle».

«On a beaucoup évolué par rapport au pétrole, a dit M. Heurtel. Et surtout, que toute la question de la lutte contre les changements climatiques, la nécessité de passer à d'autres types de combustibles est une question plus importante que jamais.»

Dans son communiqué, TransCanada explique sa décision par des changements apportés au processus d'évaluation environnementale de l'Office national de l'énergie (ONÉ), un organisme fédéral.

Québec avait pour sa part posé sept conditions à la réalisation du projet, et avait lancé sa propre évaluation du projet l'an dernier. Le ministère de l'Environnement avait reçu une étude d'impact du promoteur et devait terminer son analyse avant d'instituer une évaluation du Bureau des audiences publiques sur l'environnement (BAPE).

M. Heurtel s'est bien défendu d'avoir mis des bâtons dans les roues de TransCanada.

«De caractériser l'application des loi environnementales québécoises comme on l'a fait comme une embûche, c'est une fausseté, a-t-il dit. Ce que j'ai fait, c'est appliquer nos lois, nos règlements à la lettre pour s'assurer qu'on allait avoir une évaluation environnementale complète en vertu des lois québécoises.»

Selon le ministre, Énergie Est «n'a pas été très bien expliqué aux Québécois». Son échec recèle des enseignements importants pour l'industrie.

«On ne peut pas, avec des projets de cette ampleur-là, qui affectent des provinces, on ne peut pas faire fi des lois et des règlements qui sont en vigueur dans les provinces», a affirmé M. Heurtel.

Le ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand, n'a guère été surpris par la décision de TransCanada. L'entreprise avait suspendu le processus d'évaluation de l'ONÉ, le mois dernier.

«Quand on a vu la décision de la compagnie de suspendre il y a 30 jours le processus, c'était clair qu'il y avait de l'eau dans le gaz», a-t-il affirmé.

Le ministre des Finances, Carlos Leitão, a accueilli le dénouement du projet avec un haussement d'épaules.

«Ça me laisse indifférent», a-t-il laissé tomber.

Du côté de l'opposition officielle, le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, a affirmé à son point de presse matinal que l'abandon du projet Énergie Est était «une victoire des Québécois et [une] victoire du Parti québécois, parce que le [parti] s'est opposé depuis le début très clairement à ce projet.» 

«Le Québec n'est plus menacé dans son intégrité territoriale, dans ses 860 cours d'eau, alors c'est très bien», a-t-il dit.

Le maire de Montréal, Denis Coderre, qui a toujours milité contre le projet Énergie Est, a qualifié son abandon de «victoire extraordinaire».

«C'est une bonne nouvelle premièrement parce que ce projet-là était bâclé. On a remis en question aussi la façon de procéder de l'Office national de l'Énergie. C'est une belle victoire, et encore une fois ça vient dire comment le gouvernement de proximité fait une différence dans la qualité de vie des gens et oui, c'est grâce au leadership de Montréal et des autres villes. Quand on a posé un geste devant l'Office national de l'Énergie et qu'on a dit "on sort", c'est à ce moment que tout a commencé. C'était le début de la fin. On a toujours dit "montrez-moi votre projet". On accepté l'inversion de la ligne 9 b d'Enbridge, mais on s'est assuré qu'il y ait une politique de suivi et la possibilité de protéger la communauté», a commenté le maire sortant.

- Avec Hugo Pilon-Larose et David Santerre