Une nouvelle charge contre la pauvreté et des mesures pour alléger l'horaire des salariés et des parents : le programme social du gouvernement Couillard est en gestation. Les principales mesures devraient tomber cet automne, marquant le coup d'envoi de « l'année sociale » du gouvernement après trois ans d'austérité.

Clôturant le caucus de ses députés à Val-d'Or hier, Philippe Couillard a souligné que sa formule de « transformer le Québec » visait essentiellement à ce qu'on « améliore la vie des Québécois ». « On est en bonne situation, ce qui va nous permettre par exemple de faire au cours de l'automne un plan de lutte à la pauvreté particulièrement ambitieux, de continuer [de soutenir] la santé, l'éducation et l'économie et, selon les dires du ministre des Finances, continuer l'allégement fiscal », a indiqué M. Couillard à Val-d'Or.

Au centre de cette orientation, a-t-on indiqué à La Presse, la troisième mouture du « plan de lutte à la pauvreté » sera tournée cette fois vers les personnes vivant seules.

Dans le dernier budget de Carlos Leitão, Québec s'engageait à déposer cet automne un nouveau plan de lutte contre la pauvreté ayant pour objectif de « sortir » de l'indigence 100 000 Québécois au cours des cinq prochaines années.

Le plan de travail fait l'objet d'une évaluation au ministère des Finances - difficile de dire pour le moment quelles sommes y seront affectées. Le deuxième plan de lutte contre la pauvreté avait mobilisé 2 milliards sur cinq ans.

MESURES BONIFIÉES

Une étude du fiscaliste de l'Université de Sherbrooke Luc Godbout, au printemps 2016, montrait qu'au Québec, les faibles salariés vivant en couple ou avec des enfants à charge bénéficiaient d'une série de mesures fiscales somme toute avantageuses. L'étude parrainée par la Charte de recherche en fiscalité et en finances publiques montrait que la charge fiscale de ces Québécois se comparait favorablement à celle de ménages similaires ailleurs dans l'OCDE. Les individus ou les familles à deux revenus sans enfants, en revanche, étaient désavantagés par rapport à ceux des autres provinces.

Dans le dernier budget, on illustrait l'impact des transferts gouvernementaux et de l'impôt sur divers types de ménages. De ces chiffres, il ressortait clairement qu'un couple au salaire minimum avec deux enfants ou une famille monoparentale bénéficiaient d'avantages plus importants que la personne vivant seule ou le couple sans enfants.

Des mesures nouvelles seront nécessaires pour viser les personnes vivant seules, mais plusieurs mesures déjà en place seront simplement bonifiées : on les rendra accessibles à des faibles salariés sans personnes à charge.

PLUS DE VACANCES ?

Déjà, le printemps dernier, Philippe Couillard avait évoqué publiquement une augmentation des vacances prévues à la Loi sur les normes du travail.

Actuellement, on prévoit deux semaines pour un salarié qui a moins de cinq ans de service continu, et trois semaines au-delà de cinq ans.

M. Couillard avait abattu cette carte au moment où l'Ontario annonçait son intention de hausser le salaire minimum à 15 $. Les porte-parole des employeurs au Québec s'étaient carrément opposés à une telle mesure - même l'idée d'une prolongation des vacances ne souriait pas aux patrons.

Mais au ministère de Dominique Vien, celui du Travail, on planche sur une telle refonte de la Loi sur les normes du travail, qui sera déposée cet automne à l'Assemblée nationale. Si on se fie aux consultations menées par le gouvernement auprès des groupes concernés, Québec veut aussi augmenter les « congés de compassion » qui permettent à un employé de préserver son lien d'emploi, sans solde, quand un de ses proches est frappé par une « grave maladie ou un accident ». La loi actuelle prévoit 12 semaines pour un conjoint ou un parent malade, mais on peut prolonger le congé à deux ans pour un enfant atteint d'une grave maladie.

La réforme proposera aussi d'ajouter aux normes minimales la possibilité pour un parent de prendre un congé pour des obligations familiales, dispositions qui existent déjà dans certaines conventions collectives.

Environ 400 000 Québécois vivant seuls qui sont sous le seuil de la pauvreté, établi à 18 000 $ par année.