Les employés de l'État devraient afficher une totale neutralité religieuse, propose une résolution adoptée dimanche matin presque à l'unanimité par les 1500 délégués péquistes réunis en congrès, à Montréal.

Avec un tel mandat, le Parti québécois semblait revenir à la charge avec l'interdiction du port de signes religieux chez les fonctionnaires, la disposition la plus controversée de la Charte des valeurs du gouvernement Marois. La direction du PQ a senti le besoin de rapidement corriger le tir; pas question de rescuciter la Charte de la laicité, a souligné Agnès Maltais, porte-parole de son parti sur ces questions à l'assemblée nationale.

La résolution adoptée engage un gouvernement péquiste a «étendre l'exigence de neutralité politique des fonctionnaires de l'État à la neutralité religieuse». Un fonctionnaire n'a pas le droit de porter, sur les lieux de travail, un macaron en faveur d'un parti politique. Mais il en irait différemment pour les signes religieux si on en croit Mme Maltais.

Sur le parquet, les échanges entre les délégués portaient sur un retour des dispositions de la défunte charte. Mais, devant les journalistes, la députée Maltais a vite voulu corriger le tir. L'interdiction de porter des signes religieux viserait les employés de l'État en situation d'autorité, les juges, les policiers, les enseignants, et les éducatrices en CPE et en garderie subventionnée. Les autres fonctionnaires, déjà à l'emploi, bénéficieront d'un droit acquis. Pour les futurs employés, ce sera à discuter, souligne la députée de Taschereau.

Plus tôt, devant les délégués réunis en plénière, partisans et adversaires de la motion semblaient eux revivre le débat autour de la charte, l'engagement que Pauline Marois avait porté comme un boulet durant la dernière campagne élecroale.

«C'est une question délicate. On sait à quel point on y a laissé quelques plumes durant la campagne (électorale) de 2014», a souligné Djemila Benhabib, candidate péquiste défaite dans Trois-Rivières aux dernières élections.

«Nous devons avoir le courage d'agir là ou les libéraux ont lamentablement échoué. Nous devons aujourd'hui continuer sur ce chemin difficile de la laïcisation de l'État québécois. Ce n'est pas un bar ouvert ou on peut faire ce qu'on veut!», a-t-elle lancé pour appuyer la résolution. 

Le texte a été approuvé, malgré l'intervention passionnée d'un opposant, Jean-Michel Gauthier, délégué de Laurier-Dorion. 

«Cela nous ramène dans des débats comme on a eu avec la charte. Dans la dernière campagne, on s'est tous fait traiter dans tous les comtés de racistes, de xénophobes. On continue dans la radicalité, on continue dans nos perpétuels débats. On devrait travailler dans le vivre-ensemble, au lieu de ça on travaille sur des projets qui divisent les groupes», a-t-il prévenu les militants.

Après l'adoption de la proposition, Mme Benhabib est venue à la rencontre des journalistes pour préciser les propos qu'elle avait tenus avec passion lors de la plénière. 

«Ce matin, on a adopté tout simplement un principe, qui est celui d'aller dans le sens de la laïcité. C'est l'état d'esprit [ce] qui a été adopté», a déclaré la militante péquiste.

«Peut-être que nous n'avions pas assez de nuances en 2014. C'est un débat complexe, qui exige beaucoup de nuances, c'est pour ça qu'il faut minimalement de temps pour le faire. Donc, ce que nous avons fait [ce matin], c'est une amorce», a-t-elle poursuivi. 

- Avec Hugo Pilon-Larose, La Presse