À la traîne dans les sondages, le Parti québécois (PQ) mise sur son 17e congrès national, qui se tient tout le week-end à Montréal, pour inverser la tendance et regagner la faveur populaire, à temps pour le prochain rendez-vous électoral, en octobre 2018.

Deux temps forts marqueront l'événement, qui débute vendredi au Palais des congrès, dont l'adoption du nouveau programme du parti, à partir de la proposition présentée en janvier dernier par le chef Jean-François Lisée, incluant la délicate question de l'accès au cégep anglophone pour les francophones et allophones.

Mais c'est surtout le vote de confiance, premier test de popularité de Jean-François Lisée au sein de ses troupes depuis son élection, qui risque de retenir l'attention.

Cet événement, vers lequel convergeront quelque 2000 délégués de tout le Québec, sera assurément un «tremplin» pour placer le parti sur «une nouvelle lancée», a commenté la nouvelle présidente du PQ, Gabrielle Lemieux, en entrevue à La Presse canadienne.

Ce sera à coup sûr, dit-elle, «un gros moment pour le parti», à la recherche d'un nouveau souffle, mais aussi pour son chef, qui doit faire approuver ses orientations par la base, et qui devra, surtout, subir le test risqué du vote de confiance, samedi.

Le congrès pourrait aussi marquer un rapprochement entre le PQ et l'ex-député péquiste et ex-chef d'Option nationale Jean-Martin Aussant, indépendantiste convaincu et impatient, qui avait rompu avec le PQ en 2011. Il a accepté de divertir les militants péquistes samedi soir au Club soda, en mettant à profit ses talents de pianiste.

Questionné sur le test du vote de confiance à maintes reprises ces dernières semaines, Jean-François Lisée a refusé mordicus d'indiquer quel serait à ses yeux le score minimal acceptable pour rester en fonction. Son entourage affiche le même mutisme, comme s'il s'agissait d'un sujet tabou.

«Il n'y a pas de chiffre magique», affirme Mme Lemieux, qui demeure évasive, espérant «un beau vote».

Personne au PQ n'ose dire à quelle hauteur on devrait fixer la barre.

L'exécutif national a même songé un instant à remettre en question la tenue du vote de confiance, compte tenu que M. Lisée est en fonction depuis moins d'un an. Mais la direction n'avait pas le choix: les statuts du parti l'exigeaient.

À l'exécutif national, «on s'est posé la question», à savoir si ce vote était bien «pertinent», 11 mois seulement après l'élection du chef. Mais on s'est rendu compte qu'«il n'y avait pas d'ambiguïté dans nos statuts», dit Mme Lemieux.

Les paris sont ouverts à savoir si M. Lisée pourra sortir du Palais des congrès la tête haute samedi avec un pourcentage d'appuis jugé satisfaisant pour avoir les coudées franches. Chose certaine, tout chiffre inférieur à 80% serait sûrement jugé comme une catastrophe, alors que tout chiffre supérieur à 90% sera accueilli avec soulagement.

Malgré une piètre performance dans les sondages, il serait étonnant que les péquistes humilient leur chef après avoir vécu le stress de deux courses au leadership depuis 2015, un an à peine avant le prochain rendez-vous électoral.

En 2005, Bernard Landry avait claqué la porte, humilié par un score de 76%. Pauline Marois a reçu l'appui le plus important jamais enregistré, avec 93% en 2011. Jacques Parizeau suit de près avec 92% d'appui en 1991. Lucien Bouchard est le seul à avoir subi l'exercice à deux reprises: en 1996, avec 76% d'appui, et en 2000 avec 91%.

Mme Lemieux affirme qu'aucune intervention n'a été faite auprès des membres et des associations de circonscriptions pour influencer le cours des choses. «Il n'y a pas eu de démarches de ce genre-là», assure-t-elle.

Quelque 1500 membres auront le droit de voter, entre 10h et 15h30 samedi, en affirmant si oui ou non ils renouvellent leur appui à leur chef. Le résultat devrait être connu vers 16h.

Les congrès sont rares au PQ: le dernier a eu lieu en 2011. Il n'y en aura pas d'autre avant la prochaine élection générale.

Mme Lemieux espère que celui du week-end permettra au parti de mieux «se définir», en se dotant d'un «programme audacieux, ambitieux».

Les militants passeront tout le week-end en ateliers à peaufiner le futur programme, qui servira de base à la plateforme électorale.

Sur la question linguistique, éternelle pomme de discorde au PQ, l'enjeu tournera cette fois autour de l'accès des francophones et allophones au cégep anglophone. Le chef ne veut pas élargir la portée de la loi 101 au cégep, mais une partie des militants souhaitent aller en ce sens. On cherchera un compromis, en proposant de mieux encadrer le financement des cégeps anglophones, de manière à restreindre l'accès pour les non-anglophones, sans toutefois l'interdire.

L'image de division que projette le parti sur les questions linguistiques ne correspond pas à la réalité, selon Mme Lemieux. «Cela semble très intense de l'extérieur. Ça peut l'être aussi, mais ce n'est pas forcément aussi déchirant qu'on peut le montrer parfois. C'est des débats et ça se fait très correctement», affirme celle qui se dit confiante de trouver un compromis sur ce thème avant la fin du congrès.