La campagne électorale d'Éric Tétrault ne pouvait pas continuer «même une journée de plus», soutient Philippe Couillard. Le premier ministre a demandé à son parti de «resserrer le plus possible le processus» de vérification des candidatures.

M. Couillard est sorti de son mutisme jeudi matin, 24 heures après la parution d'une enquête de La Presse qui a forcé le retrait de son candidat.

Rappelons que M. Tétrault a harcelé psychologiquement deux femmes en plus d'intimider et de menacer des employés au moment où il était directeur des affaires publiques chez ArcelorMittal, selon un rapport d'enquête commandé par la minière en 2014.

Philippe Couillard avait décliné une demande d'entrevue de La Presse mardi et n'avait émis aucun commentaire le lendemain.

«Tout le monde», au parti comme au conseil des ministres et M. Tétrault lui-même, «en est venu à la conclusion que sa campagne de tout évidence ne pouvait pas continuer», a soutenu le premier ministre.

Le retrait de la candidature était une décision «évidente», a-t-il insisté. «Je ne pense pas que sa campagne pouvait continuer même une journée de plus.»

Il a nié que la décision de la CAQ de larguer son propre candidat Normand Sauvageau soit le facteur déterminant dans le choix du parti. «Ça n'a rien à voir. On avait commencé ce mouvement-là bien avant qu'il (le chef caquiste François Legault) parle de son propre candidat», a-t-il dit. M. Legault vit «dans un monde d'illusions» en prétendant le contraire, selon lui.

Et pourtant, les ministres Christine St-Pierre et Pierre Moreau défendaient le candidat à la sortie du conseil des ministres mercredi après-midi. «Il a dit qu'il s'excusait pour ce qu'il avait fait, qu'il reconnaît ses torts. Alors, je pense qu'à un moment donné, dans la vie, il faut laisser la chance au coureur. Il n'y a personne qui est parfait», affirmait Mme St-Pierre. M. Moreau, un proche d'Éric Tétrault, disait que les regrets du candidat étaient «tout à fait sincères». Il allait jusqu'à dire qu'«il n'y a pas de témoignage qui vient accréditer les allégations qui sont faites» au sujet de M. Tétrault. Ce sont pourtant les conclusions d'un rapport d'enquête externe réalisé par un expert que La Presse a dévoilées.

Philippe Couillard a expliqué que son parti «n'avait pas accès» au rapport d'enquête sur Éric Tétrault. Le parti s'était fié à ce qu'ArcelorMittal lui a dit, à savoir selon M. Couillard «qu'il n'y avait pas eu de suite donnée au document et qu'il n'y a pas eu de plainte». Comme La Presse l'explique dans un texte paru jeudi, le parti avait consulté Louis Martel, un ami de M. Tétrault qui ne travaille plus pour la minière.

Philippe Couillard a tiré «leçon» de tous ces événements. «J'ai demandé (au parti) d'examiner et de resserrer le plus possible le processus» de vérification. «Mais encore une fois, il y a une limite au-delà de laquelle on ne peut pas aller. Il y a certains éléments factuels ou documentaires qui ne sont pas accessibles. Et ça sera toujours le cas», a-t-il précisé.

«Sans parler des faits eux-mêmes et des candidats» éjectés mercredi, il a souligné que les personnes qui se présentent en politique le font «pour les bonnes raisons», pour aider leur communauté. «Mais c'est certain que quand on voit ces moments où la vie complète de quelqu'un se trouve à être étalée sur la place publique, il n'y a pas de quoi pour tenter beaucoup de gens de faire de la politique. Ce qui rend encore le mérite plus grand, dans cette ambiance actuelle, que quelqu'un décide de faire le sacrifice, si je peux le dire, de quelques années de sa vie pour le service public, c'est quelque chose qu'on devrait célébrer et (dont) on doit reconnaître la difficulté.»

Il a fait savoir que des «candidats intéressants lèvent la main» pour porter les couleurs du PLQ dans Louis-Hébert. Le parti a jusqu'au 16 septembre pour présenter une nouvelle candidature. Les électeurs sont appelés aux urnes le 2 octobre.