Le député péquiste Sylvain Pagé, porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé publique, estime que Québec devrait créer une «Société du cannabis» indépendante de la SAQ pour y vendre de la marijuana, une fois la substance officiellement légalisée par le gouvernement fédéral.

En entrevue avec La Presse, M. Pagé a affirmé qu'il était autrefois favorable à l'idée de confier à la Société des alcools du Québec (SAQ) le mandat de vendre du pot, alors qu'Ottawa veut légaliser cette drogue avant le 1er juillet 2018, mais qu'il a revu sa position, puisqu'elle semble suggérer qu'on peut mélanger drogue et alcool.

«[Vendre du cannabis à la SAQ], ça ne reçoit pas un très grand appui populaire. [...] Si on veut faire une saine prévention, il faut s'assurer de bien aviser les gens, de bien les sensibiliser, de les informer de ne pas mélanger alcool et cannabis. Donc, que ce soit vendu dans un réseau à part m'apparaît plus sage», a affirmé M. Pagé, qui assiste à toutes les consultations publiques régionales sur l'encadrement du cannabis au Québec.

Cette position diffère toutefois de celle incluse dans le document Le chemin des victoires : proposition principale vers le XVIIe congrès national du Parti québécois, congrès qui se tiendra ce week-end à Montréal.

Dans ce document, en ligne sur le site internet du congrès, il est écrit que le PQ propose d'étendre «le mandat de la Société des alcools du Québec à la vente potentielle de la marijuana légalisée, tout en confiant à un organisme indépendant le mandat de limiter au maximum son incidence sur la santé publique».

M. Pagé explique que sa position a évolué au cours des consultations, à la lumière également des témoignages qu'il a entendus d'experts en santé publique.

Que faire avec la vente en ligne?

Lors de sa participation, à Québec, aux consultations régionales sur l'encadrement du cannabis, la ministre déléguée à la Santé publique, Lucie Charlebois, avait évoqué le fait qu'elle ne savait toujours pas comment réglementer la vente de marijuana en ligne. Si la province choisissait de l'interdire, par exemple, une entreprise établie dans une province voisine qui le permet pourrait-elle livrer ses produits aux consommateurs québécois qui auraient commandé sur son site web?

Le ministère fédéral de la Santé a dit par courriel à La Presse que «selon le cadre envisagé, les gouvernements provinciaux et territoriaux pourraient édicter des lois établissant des règles relatives à la vente au détail du cannabis dans leurs provinces ou leurs territoires respectifs. Ces règles devraient être respectées par toutes les entreprises autorisées à vendre du cannabis dans cette province ou ce territoire, quel que soit l'endroit où elles se trouvent».

Pour l'instant, Québec refuse toutefois de dire s'il compte interdire ou non la vente en ligne de cannabis ni si une société d'État sera créée, plutôt que de confier la vente au secteur privé.