Les libéraux ont rejeté jeudi une demande de l'opposition officielle pour ajourner l'étude du projet de loi 62 sur la neutralité religieuse, le temps d'entendre des experts internationaux provenant de pays où le voile intégral a été banni partiellement ou totalement.

En commission parlementaire à l'Assemblée nationale, la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, et ses collègues libéraux majoritaires ont écarté la requête péquiste.

Dans une conférence de presse, le chef du Parti québécois (PQ), Jean-François Lisée, a affirmé que la difficulté réside dans l'application de l'interdiction du voile intégral, et qu'il faut donc entendre des experts pour expliquer comment l'expérience s'est déroulée dans d'autres pays, quelles sont les difficultés et quelles sont les leçons à en tirer.

L'opposition plaide également que la ministre Stéphanie Vallée est dans la confusion quant à l'impact des mesures qu'elle propose, notamment sur l'assujettissement des élus de l'Assemblée nationale au projet de loi.

«Ça restreindrait leur liberté politique, leur liberté d'action et leur liberté de parole, et même la façon de gérer leurs bureaux de comté, leur agenda, a soutenu la porte-parole péquiste Agnès Matlais, en conférence de presse au côté de son chef. Même la ministre était incapable de s'expliquer et a même amené de fausses explications sur la manière dont cela devait être géré.»

Dans sa réplique, Mme Vallée a été cinglante. Elle a rappelé que M. Lisée avait pourtant déjà été favorable à une adoption plus rapide du projet, l'an dernier, considérant qu'il s'agissait d'un premier pas, après près de dix ans de débats sur les accommodements religieux.

Elle a aussi plaidé que le PQ avait demandé un projet de loi qui faisait consensus. Or, selon elle, cette pièce législative «correspond à là où nous en sommes et est respectueuse des droits» des Québécois.

En vertu du projet de loi 62, on ne peut donner ou recevoir un service de l'État qu'à visage découvert, mais on autorise des accommodements raisonnables en fonction de certains critères.

Les amendements apportés par le gouvernement élargiraient sa portée aux municipalités et aux sociétés de transport, ainsi qu'à l'Assemblée nationale.