La prochaine présidente du Parti québécois (PQ) estime que son parti n'a pas encore réussi à se « démarquer » notamment parce que ses propositions ne sont pas encore assez connues et selon elle, l'absence d'alliances électorales avec Québec solidaire permettra au PQ de « mieux assumer » qui il est.

Gabrielle Lemieux, âgée de 31 ans, prendra les rênes du PQ en septembre pour succéder à Raymond Archambault. Elle sera élue par acclamation étant donné qu'elle était la seule en lice. L'ancienne députée bloquiste Ève-Mary Thaï Thi Lac avait signifié son intention de se présenter au même poste, mais elle s'est finalement ralliée à Mme Lemieux et tentera de se faire élire comme conseillère à l'exécutif.

Mme Lemieux travaille depuis plusieurs années en administration de la santé et malgré son jeune âge, elle connaît bien les rouages du Parti québécois, puisqu'elle y est impliquée activement depuis qu'elle a 18 ans. En 2015, elle s'était présentée pour le PQ dans l'élection partielle de Saint-Henri-Sainte-Anne.

La jeune mère de famille compte prendre son bâton de pèlerin pour faire connaître le programme du PQ en vue des élections générales de 2018 puisque selon elle, trop peu de Québécois connaissent ce que le parti défend.

Elle souligne que les deux courses à la direction très rapprochées dans le temps ont empêché le parti de se positionner sur l'échiquier politique et de repenser ses façons de faire à l'interne après sa défaite cinglante en 2014.

D'après elle, le PQ a pu faire cette introspection depuis ce temps et lorsque le programme officiel du parti sera adopté au congrès en septembre, il pourra enfin faire connaître ses couleurs aux Québécois.

« Il est temps d'arrêter de se définir en se positionnant par rapport à nos adversaires, il faut montrer qui on est, nous, comme parti », a-t-elle confié en entrevue téléphonique.

Elle a notamment cité en exemple la volonté du Parti québécois de hausser le salaire minimum à 15 $, d'étendre le congé de paternité et d'instaurer la gratuité scolaire.

« Il faut aller à la rencontre de la population dans la prochaine année pour lui permettre de vraiment mieux comprendre où on en est. Dans la dernière année, on a réfléchi beaucoup à notre propre réalité de parti, mais là on est prêt à aller vers la population », a-t-elle soutenu.

Si Mme Lemieux s'est dite déçue que Québec solidaire refuse toute négociation d'alliances électorales avec le PQ, elle ne croit pas que cela va nuire à son parti, et même que selon elle, cela l'aidera à « assumer de façon plus ferme qui [il] est ».

Repenser le PQ à l'interne

Pendant sa présidence, la jeune politicienne espère aussi contribuer à modifier les mécanismes du parti pour qu'il soit plus transparent et plus ouvert aux non-membres.

« On en a parlé beaucoup avec les consultations »Osez repenser le PQ«, je pense qu'on est prêt à mettre en application certaines de ces recommandations, mais il faut qu'on aille plus loin en ce sens-là », a-t-elle déclaré.

Dans le rapport « Oser repenser le PQ », Paul Saint-Pierre-Plamondon, le conseiller spécial du chef Jean-François Lisée, recommandait notamment d'organiser des « Off Congrès » au PQ où seraient invités les non-membres qui sont réticents à s'impliquer dans la « structure pyramidale et hiérarchique » du parti.

Une autre des constatations du rapport était que le PQ avait tendance à se déchirer sur la place publique, ce qui était mal perçu par les non-membres.

Mme Lemieux a d'ailleurs l'intention de travailler dans le parti pour qu'il y ait une meilleure collaboration entre toutes les instances du parti.

« De faciliter notre collaboration, par exemple avec l'aile parlementaire ou les associations de circonscriptions, ça nous aiderait vraiment à être plus connectés sur les besoins de la population », a-t-elle souligné.

« À l'exécutif national, c'est sûr qu'on est des gens d'un peu partout au Québec, on est élus pour prendre des décisions, pour diriger le parti. Mais je pense qu'on peut vraiment gagner tout le monde à être plus connectés les uns les autres. »