Le chef du Parti québécois (PQ), Jean-François Lisée, estime que le Québec est encore «moins libre juridiquement» aujourd'hui que le 24 juillet 1967, lorsque le général de Gaulle avait prononcé son fameux «Vive le Québec libre!» du haut de l'hôtel de ville de Montréal.

«Le Québec est plus fort. Mais il est juridiquement moins libre qu'il l'était en 1967», a déclaré M. Lisée en entrevue avec La Presse canadienne, lundi soir, avant un événement pour commémorer les célèbres paroles de l'ancien président français.

Une centaine de curieux s'étaient déplacés devant l'hôtel de ville pour entendre des personnalités publiques lire des discours. Comme le cabinet du maire Denis Coderre avait refusé l'accès au balcon pour ces lectures, les participants étaient massés devant l'hôtel de ville sous la pluie.

Le chef péquiste réagissait ainsi aux propos du premier ministre Philippe Couillard, qui a dit récemment en entrevue avec le quotidien «Le Soleil» que le Québec est désormais «libre» 50 ans après cette déclaration.

M. Lisée croit que l'auteur de ces paroles aurait une tout autre interprétation.

«C'était un démocrate. Il serait sidéré de voir que la législation canadienne, la Loi sur la clarté, donne au Canada un droit de veto sur l'indépendance du Québec», a avancé le chef péquiste, ajoutant que la Loi constitutionnelle a été adoptée sans le consentement de la province en 1982.

M. Lisée trouve que le premier ministre n'a pas bien compris les propos du général, qui souhaitait @carrément l'indépendance du Québec, a-t-il insisté.

L'ancien premier ministre Bernard Landry, qui était aussi présent à l'événement, croit lui aussi que le Québec s'est renforcé depuis cinquante ans, notamment dans les domaines économique et culturel. Mais il juge lui aussi que la province s'est affaiblie sur le plan juridique.

«Je l'ai vécu moi-même quand j'ai fait adopter (en 2002) une loi par notre Assemblée nationale à l'unanimité et la Cour suprême l'a démantelée par la suite», s'est-il désolé, faisant référence à la loi 104 contre les «écoles-passerelles», qui avait été invalidée par le plus haut tribunal du pays en 2009.

«On a donné à la Cour suprême les moyens d'annuler à peu près n'importe quoi.»

Lisée déplore la «mollesse» du premier ministre

Jean-François Lisée reproche au premier ministre d'être «mou» et «faible» sur sa politique d'affirmation nationale au sein du Canada, qui selon lui peut être assimilée au statu quo.

Au terme du Conseil de la fédération la semaine dernière, le premier ministre Couillard s'était réjoui que ses homologues des provinces aient bien accueilli ses propositions pour une éventuelle reprise des négociations constitutionnelles.

«Il leur a dit: rien ne va changer. Qu'est-ce que vous en pensez? Ils ont dit: c'est une bonne idée», a raillé le chef péquiste.

Il a souligné qu'aucun premier ministre n'avait montré d'ouverture à changer réellement la constitution pour reconnaître la nation québécoise. «Ça, ce serait nouveau et intéressant», a-t-il soutenu.

Le chef souverainiste dit être capable d'obtenir des concessions pour le Québec dans un éventuel premier mandat - et ce, même si le premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, a laissé entendre que l'ouverture des autres provinces s'expliquait par la position fédéraliste du premier ministre actuel.

«Les gouvernements de René Lévesque, de Lucien Bouchard, ont signé des ententes avec l'Ontario, le Nouveau-Brunswick et avec d'autres provinces. C'est ce qu'on fait pendant qu'on est dans la fédération», a-t-il indiqué.