Les « graves irrégularités » dans l'attribution des contrats au ministère des Transports n'ont pas été débusquées par le bureau du Vérificateur général, après un an d'enquête.

Dans son rapport déposé mercredi matin à l'Assemblée nationale, la vérificatrice Guylaine Leclerc constate que le ministère des Transports aurait beaucoup de procédures de contrôle à améliorer. On s'inquiète de l'étanchéité des contrôles, à partir de l'étude d'un échantillon de 80 contrats. « L'importance des contrats accordés aux firmes externes, dans le contexte où le ministère demeure vulnérable sur le plan de l'expertise soulève des préoccupations quant à la capacité du ministère à encadrer adéquatement ces firmes » observent les vérificateurs.

En construction, plus de la moitié des 53 contrats vérifiés étaient envoyés à l'externe pour la conception et les plans et devis -la valeur de ces contrats externe représentait 94 % du total.

Pour les contrats de construction ou de services professionnels, « les estimations ne sont pas établies avec toute la rigueur nécessaire ». Quand l'évaluation est faite à l'externe, le ministère n'a pas les moyens d'en vérifier la rigueur.

Le ministère des Transports reste le plus important « donneur d'ouvrage » au Québec, avec 3038 contrats de plus de 25 000 $ octroyés, un total de 1,6 milliard, dont 71 % vont à la construction. Depuis 2013, la valeur des contrats accordés pour les services professionnels a baissé, passant de 318 millions en 2013-2014, à 251 millions l'année suivante et à 195 millions en 2015-2016.

Les employés du Vérificateur général du Québec ont rencontré à deux reprises Annie Trudel, qui avait dénoncé des irrégularités, l'opacité du ministère, le fractionnement injustifié de contrats et l'embauche d'anciens employés. À l'époque, fraîchement nommé, le ministre Laurent Lessard avait promis de « faire le ménage » dans son nouveau ministère. Dans sa réponse au rapport de la vérificatrice, geste inusité, on réfute en bloc les allégations de la lanceuse d'alerte ; « Selon nous les allégations de graves irrégularités portées à son endroit (du MTQ) tant en matière de fractionnement de contrat que d'opacité des systèmes ou de collusion, s'avèrent sans fondement ». Le ministère ajoute toutefois convenir comme la vérificatrice que « ses pratiques en matière de gestion contractuelle sont perfectibles ».

Sur « l'opacité » dénoncée il y a un an, les employés du Vérificateur général du Québec relèvent que la structure de contrôle reste très complexe, les montants peuvent diverger en cours de route selon la banque de données consultée, mais en fin de parcours les colonnes de chiffres se trouvent conciliées.

Quand le ministère accorde des « avenants » des ajouts aux travaux, les autorisations requises ne sont pas données avant le début des travaux dans la majorité des cas. Il ne répartit pas de façon équitable ses contrats entre les grosses firmes et les plus petites entreprises. En situation d'urgence on constate des problèmes quant au contrôle des coûts et des délais importants entre le début des travaux et la signature du contrat.