Les réticences à Québec au sujet du projet de construction de l'édifice gouvernemental à l'îlot Voyageur concernent entre autres la valeur des économies escomptées. L'option de renouveler le bail au Complexe Desjardins pour regrouper les 3000 employés de Revenu Québec pourrait être moins coûteuse que prévu.

Des négociations entre la Société québécoise des infrastructures (SQI) et Desjardins laissent croire que le loyer serait potentiellement moins élevé que les estimations faites.

Cela aurait pour résultat de réduire les économies prévues de 40 millions de dollars du projet de construction par rapport à la location d'espaces au Complexe Desjardins, sur une période de 30 ans.

Un document produit par le bras immobilier du gouvernement et obtenu par La Presse souligne d'ailleurs qu'une offre de bail a été faite au Complexe Desjardins récemment et que les économies qui avantageaient le projet de nouvel édifice gouvernemental seraient réduites à 28 millions si elle était acceptée, toujours sur une période de 30 ans.

La SQI jugeait déjà que des économies potentielles de 40 millions n'étaient pas très importantes. Mais elle concluait que cela démontrait une « rentabilité à long terme » pour le projet de construction. Il reste que l'option de renouveler le bail au Complexe Desjardins est aussi sur la table.

Le conseil d'administration de la SQI se réunit demain pour trancher et sceller le sort du projet de construction d'un édifice public à l'îlot Voyageur, projet lancé par le gouvernement Marois en 2013. Il est divisé sur le sujet. Le conflit porte aussi sur la stratégie de développement de l'organisme : être davantage propriétaire ou locataire.

LISÉE PLAIDE POUR LE PROJET DE CONSTRUCTION

Le chef péquiste Jean-François Lisée croit toujours que le projet de construction est pertinent. « La décision qu'on avait prise [en 2013], elle était la meilleure décision coût-bénéfice et, en plus, elle permettait de revitaliser un quartier. Et j'ai lu [hier] les dernières informations, très détaillées, qui me font conclure que c'est toujours le cas. [...] Si le gouvernement libéral, pour eux, ça ne les intéresse pas de revitaliser des quartiers, c'est leur façon de voir les choses », a-t-il affirmé hier.

La députée locale, Manon Massé, a déploré que « la saga » de l'îlot Voyageur dure « depuis tant d'années ». Le terrain sud, où se trouve l'ancienne gare, est toujours à l'abandon aujourd'hui.

L'élue de Québec solidaire n'a pas voulu dire l'option qu'elle privilégiait, préférant « attendre le résultat » de la réunion du C.A. de la SQI. Elle a toutefois servi un avertissement à l'organisme et au gouvernement : « Si la perspective est de vendre l'îlot Voyageur pour développer de l'habitation de luxe dans le centre-ville de Montréal, bien là, je vais nous rappeler collectivement que des condos de luxe, il y en a en masse dans la circonscription. Ce qu'on a besoin, c'est de poursuivre la dimension structurante qu'a jouée l'arrivée de la BAnQ à côté de l'îlot Voyageur. Et des projets, il n'en manque pas. »

Le président du Conseil du trésor, Pierre Moreau, ministre de tutelle de la SQI, et le ministre des Finances, Carlos Leitão, de qui relève Revenu Québec, ont refusé de faire des commentaires.

- Avec la collaboration de Martin Croteau et d'Hugo Pilon-Larose