Le gouvernement Couillard a refusé de soumettre les conditions de travail des ingénieurs de l'État à un arbitre, comme l'a demandé hier le syndicat qui représente les 1400 grévistes.

« Le gouvernement du Québec ne sous-traitera pas à un tiers son droit de gérance », a déclaré par communiqué le président du Conseil du trésor, Pierre Moreau.

Le ministre s'est étonné que le syndicat n'ait pas déposé une contre-offre aux dernières propositions gouvernementales lors de la rencontre qui s'est tenue plus tôt dans la journée.

En fin d'après-midi, l'Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec (APIGQ) a formellement rejeté les dernières offres du président du Conseil du trésor, Pierre Moreau. Son président, Marc-André Martin, a affirmé que l'arbitrage est la seule issue possible à la grève qui dure depuis le 24 mai.

LA DERNIÈRE OFFRE

« Si leurs propositions sont justes et raisonnables, ils ne devraient pas avoir peur de venir les défendre devant un arbitre », a résumé M. Martin.

La dernière proposition de Québec, déposée jeudi, prévoit des augmentations de 5,25 % pour les quatre premières années de la convention collective. À la cinquième année, seuls les ingénieurs les plus expérimentés verraient leur salaire augmenter de manière importante. L'offre prévoit aussi une rémunération additionnelle « pour projets spéciaux ».

L'APIGQ réclamait à l'origine des hausses de 20 % d'ici 2019 pour freiner la hausse de l'écart salarial entre ses membres et les ingénieurs d'Hydro-Québec. M. Martin se dit prêt à accepter des augmentations de 16,5 %, sur sept ans.

« Depuis notre grève, on a descendu nos demandes de 30 %, a dit M. Martin. Et on ne sent pas que le gouvernement a monté les siennes de 30 %. »

Le syndicat fait du maintien de l'expertise interne du gouvernement son cheval de bataille dans le cadre de la négociation. M. Martin s'est ouvertement questionné sur les motivations derrière l'attitude du gouvernement Couillard.

« Dans le passé, le gouvernement libéral a déjà été financé par des firmes de génie-conseil, illégalement, a-t-il dit. N'y a-t-il pas là une apparence de conflit d'intérêts ? Nous négocions présentement avec un gouvernement libéral qui a déjà été financé par nos principaux concurrents. »

LOI SPÉCIALE

Bien que son communiqué d'hier soir n'en ait pas fait mention, le ministre Moreau a maintes fois brandi la menace d'une loi spéciale pour forcer le retour au travail des ingénieurs ces dernières semaines. La session parlementaire prend fin vendredi, et plusieurs s'attendent à ce qu'il passe à l'acte d'ici là si l'impasse persiste à la table de négociation.

La convention collective des ingénieurs de l'État est échue depuis le 31 mars 2015. La grève, qui dure depuis près de trois semaines, a entraîné la perturbation de plusieurs dizaines de chantiers.