L'hypothèse du premier ministre Couillard évoquant « [l'ajout de] jours de vacances pour les familles » s'est heurtée à une opposition très nette du monde patronal, jeudi dernier. Derrière des portes closes, M. Couillard avait fait part aux leaders des cinq organisations représentant les employeurs de sa réflexion sur l'occasion d'accorder plus de temps libre aux salariés.

Devant 500 délégués libéraux réunis en conseil général en fin de journée, hier, M. Couillard a évoqué cette rencontre avec les patrons. « Évidemment, ils ne sautaient pas de joie, mais je leur ai rappelé les avantages à avoir des employés plus productifs, à retenir des employés en une période de pénurie de main-d'oeuvre.  Quelle bonne nouvelle ! Ils ont dit :  "On veut travailler cela avec vous autres ! On devrait arriver avec quelque chose de très intéressant." »

Plus tôt cette semaine, M. Couillard avait dit trouver intéressante l'idée du gouvernement ontarien, qui songe à donner plus de temps aux familles, se montrant toutefois prudent sur ses intentions. Hier, il a abordé la question deux fois, devant les délégués, soulignant que les citoyens discutant avec leurs députés disaient qu'ils aimeraient mieux passer davantage de temps avec leur famille que de recevoir une hausse de salaire.

Des participants à la rencontre de jeudi, joints par La Presse hier, ne partageaient pas l'enthousiasme de Philippe Couillard. Les associations sont très réticentes à allonger les vacances payées des employés. Déjà, beaucoup de gens ont plus que les deux ou trois semaines prévues par la Loi sur les normes du travail, fait-on valoir. Les employeurs sont ouverts au temps partiel et aux congés non rétribués, mais les congés payés représentent une facture économique importante - Martine Hébert, de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, avait parlé de 500 millions par jour de congé payé, un chiffre un peu théorique, conviennent ses partenaires patronaux.

Effectif en baisse

Le nombre de membres du Parti libéral du Québec (PLQ), en baisse constante depuis une décennie, atteint désormais un creux autour de 30 000 membres en règle. À huis clos, hier matin, le directeur général du PLQ Sylvain Langis a présenté aux délégués un graphique qui ne laissait pas de doute sur la difficulté du PLQ à recruter des adhérents.

Plus tard, le président du parti, Gilbert Grimard, a devant les délégués fait référence aux chiffres « préoccupants » de M. Langis. Interpellé en point de presse, Philippe Couillard a souligné que tous les partis constataient « une certaine désaffection », les gens s'interrogeant sur l'opportunité d'une adhésion à un parti politique. 

Pour le militantisme

Devant les troupes, la direction du parti s'est gardée d'être alarmiste. La proximité des élections, avec de nombreuses assemblées d'investiture pour le choix des députés, sera l'occasion de recruter des membres. Les délégués ont d'ailleurs adopté une série de propositions hier pour faciliter l'adhésion au parti. Une classe de « sympathisants » apparaît, des gens qui auront pour un an accès gratuitement aux communications du parti sans pour autant être membres.

Les membres de moins de 25 ans paieront une seule adhésion, on favorisera les membres qui font du recrutement et un groupe de députés aura pour mandat de sensibiliser les jeunes de plus de 16 ans à l'importance de l'implication politique.

40% de femmes

M. Couillard a aussi annoncé qu'il comptait hausser la proportion de femmes candidates aux prochaines élections, jusqu'à une « zone de parité » de 40 %. En point de presse, il a précisé qu'il n'avait pas l'intention d'utiliser son pouvoir pour désigner des femmes comme candidates, « on va demander à nos associations de tenir compte du fait qu'on voudrait s'approcher le plus possible de 40 % », a-t-il expliqué.

Lors de la précédente campagne électorale, 30 % des candidats libéraux étaient des femmes. Québec solidaire atteint 50 %. Pour M. Couillard, « il ne faut quand même pas exagérer, on ne peut demander à des députés de quitter parce qu'ils sont des hommes », a-t-il soutenu.

Barrette en «exil»

Dans la foulée de la publication de la position constitutionnelle du PLQ, jeudi, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, clame qu'il se sent « sur le plan constitutionnel » en exil au Canada parce que le Québec n'a toujours pas adhéré à la Constitution de 1982.

« Bien sûr qu'on se sent exilés au Canada parce qu'on n'en fait pas partie », a souligné le ministre de la Santé. Relancé sur cette déclaration, Philippe Couillard n'a pas voulu en rajouter. « Moi, je dis qu'on est Québécois avant tout, très fiers d'être Québécois, mais l'appartenance canadienne est très importante pour nous, elle complète notre identité », réplique-t-il quand on lui demande s'il se sent, lui aussi, « en exil ». Le document du PLQ, jeudi, reprenait cette formule, utilisée lors de l'échec de l'accord du lac Meech, en 1990.