Amir Khadir est actuellement à Mexico pour revoir de fond en comble l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), à l'instar de Donald Trump, mais pas du tout pour les mêmes raisons.

Si le député de Québec solidaire (QS) reconnaît que le président américain «met le doigt sur le bobo», il se défend d'être dans le même camp: M. Trump veut «empirer le problème», tandis que M. Khadir dit vouloir un «changement total au profit des peuples».

Rappelons que l'accord commercial en vigueur depuis plus de 20 ans entre les États-Unis, le Mexique et le Canada est remis en question depuis que Donald Trump a menacé de le déchirer s'il n'est pas renégocié en faveur des Américains.

Amir Khadir prend part jusqu'à dimanche à un vaste forum en vue de concerter des luttes dans les trois pays, constituer un «front social», afin que les rondes de pourparlers à venir se fassent «dans l'intérêt des travailleurs et des populations», peut-on lire dans la documentation de QS. Des délégués de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) et de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) sont aussi présents.

Selon le député de gauche, il aurait mieux valu au fond qu'il n'y ait jamais d'accord de libre-échange comme celui qui est entré en vigueur le 1er janvier 1994. En dépit de la hausse des PIB des pays membres, les revenus des travailleurs ont stagné ou chuté, a-t-il soutenu.

«Pour les grandes entreprises, c'est un pactole incroyable, mais pour les sociétés, c'est un échec», a-t-il résumé,  en ajoutant que ce type de libre-échange a contribué à l'ascension de figures comme Trump aux États-Unis et Marine Le Pen en France.

«La soi-disant prospérité a été au service des gens à la tête des grandes corporations», estime M. Khadir.

Les mouvements sociaux et les syndicats réunis à Mexico réclament un nouvel «accord social», avec de meilleures garanties environnementales, une protection accrue des travailleurs, une prospérité partagée, et surtout, une souveraineté restituée aux gouvernements nationaux, a indiqué le député de QS.

Il rejette totalement une renégociation axée sur le donnant-donnant, le compromis, des concessions qui seraient demandées en échange de ces revendications.

«Ça, c'est le paradigme des grandes corporations, il faut sortir de ce cadre», a tranché le parlementaire de gauche.

M. Khadir espère rencontrer la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, qui est aussi à Mexico à propos de l'ALENA. Il dit ne pas savoir quelles sont les orientations du gouvernement Trudeau dans ce dossier, mais il veut les influencer.

«J'espère que tout est possible, que des gens vont se réveiller, a conclu l'élu de QS. J'espère qu'on ne va pas continuer dans le chemin qui nous a conduits dans le désarroi politique économique mondial qui fait qu'on a Le Pen qui menace en France, et Trump élu aux États-Unis. Tout ça, c'est le produit de ce genre d'approche économique.»

Le gouvernement Trudeau s'est exprimé en faveur de l'ALENA et du renforcement des échanges entre les pays membres.

Le premier ministre a affecté 11 ministres à des États américains clés pour promouvoir l'ALENA et l'ouverture des frontières.

Mme Freeland a affirmé mardi qu'il était simplement logique que l'accord qui existe depuis 23 ans soit «modernisé» par les trois pays membres.

Selon les données, de 1993 à 2016, les exportations canadiennes vers les États-Unis ont augmenté de 4,5 % par an en moyenne, tandis que celles vers le Mexique ont crû de 9,9 % par an.