Le secrétaire général du Conseil de presse du Québec (CPQ), Guy Amyot, quitte ses fonctions pour devenir directeur adjoint du cabinet du chef de l'opposition péquiste, Jean-François Lisée.

La nouvelle, qui risque de faire couler beaucoup d'encre, a été annoncée par communiqué, mercredi.

Guy Amyot a été secrétaire général du Conseil de presse durant huit ans. Il ira notamment rejoindre sa soeur, France Amyot, qui est directrice du cabinet de M. Lisée.

Cette relation est d'ailleurs au coeur d'une controverse qui a marqué le passage de M. Amyot au Conseil de presse.

En février 2015, le tribunal d'honneur des médias avait blâmé la Société Radio-Canada (SRC) et son journaliste Alain Gravel pour un reportage diffusé deux semaines avant les élections d'avril 2014, reportage qui faisait état d'un possible financement illégal du PQ mettant en cause le mari de Pauline Marois, Claude Blanchet.

La société d'État avait aussitôt interjeté appel de ce blâme, invoquant entre autres le fait que M. Amyot se trouvait «en situation d'apparence de conflit d'intérêts», parce que sa soeur était, au moment de la plainte, directrice de cabinet du chef péquiste par intérim, Stéphane Bédard.

Un an plus tard, en février 2016, la commission d'appel du Conseil de presse donnait raison à la SRC, indiquant que la situation de M. Amyot «pouvait avoir l'apparence d'un conflit d'intérêts», en raison des fonctions occupées par sa soeur. La plainte contre Radio-Canada et son journaliste avait alors été renvoyée devant le comité des plaintes pour y être rejugée. Le dossier est toujours à l'étude à ce jour.

Rejoint par La Presse canadienne, mercredi, Guy Amyot a reconnu que son passage au Parti québécois pouvait prêter flanc à la critique, mais il a tenu à préciser que «d'aucune façon (il n'a) été impliqué dans la décision dans le dossier d'Alain Gravel et ce n'est pas (lui) qui a fait l'analyse de ce dossier».

«Ça fait des années que ma soeur est en politique. Elle l'était quand j'étais directeur de l'information à Radio-Canada et je n'ai jamais eu de problème avec ça, même quand j'étais responsable des journalistes politiques», a-t-il expliqué.

«Au Conseil, je me suis retiré de tous les dossiers qui étaient politiques et le CPQ gérait très bien cette situation.»

De son côté, la direction de l'information de Radio-Canada a dit vouloir s'abstenir de commenter le passage de M. Amyot au PQ, invoquant le fait que la plainte est toujours à l'étude.

Dans un communiqué annonçant la nomination de Guy Amyot, Jean-François Lisée s'est dit fier d'accueillir le nouveau venu, affirmant qu'en tandem avec sa soeur, il permettra au Parti québécois de «profiter de la force organisationnelle Amyot au carré!».

Cité dans le communiqué du PQ, Guy Amyot s'est dit très heureux de «renouer avec le monde politique».

«Je suis fier de pouvoir contribuer, moi aussi, au chemin des victoires!», a-t-il écrit.

De son côté, la présidente du Conseil de presse, Paule Beaugrand-Champagne, a tenu à saluer la contribution de M. Amyot.

«M. Amyot aura laissé une marque indélébile dans l'histoire du Conseil de presse. On lui doit notamment d'avoir piloté la réécriture du Guide de déontologie journalistique et une analyse approfondie de la jurisprudence, d'avoir solidement redressé les finances du Conseil et d'avoir mis en oeuvre une réforme en profondeur de la procédure de traitement des plaintes.»

Avant d'occuper le poste de secrétaire général du CPQ, Guy Amyot a notamment occupé des postes de direction dans le secteur de l'information à Radio-Canada Québec et à TVA. Il a également été directeur de cabinet de Jean-François Bertrand, à l'époque où celui-ci était ministre des Communications dans le gouvernement de René Lévesque.