Contrairement à ce que soutient le gouvernement Trudeau, la légalisation de la marijuana n'affaiblira pas le crime organisé, a affirmé mercredi le député libéral et ancien policier, Robert Poëti.

À son arrivée au caucus libéral, le député de Marguerite-Bourgeoys s'est montré préoccupé par la légalisation de la substance, 24 heures avant le dépôt d'un projet de loi à Ottawa. 

Il a exprimé son désaccord avec l'un des principaux arguments utilisés par le premier ministre fédéral Justin Trudeau, à savoir que la légalisation de la marijuana aurait pour effet de retirer son commerce des mains du crime organisé.

«Le crime organisé, c'est comme de la mauvaise herbe, a résumé M. Poëti. Vous pouvez l'arracher, ça va repousser. Vous allez l'arracher encore, et il va repousser.»

«Ils vont trouver une autre façon d'être capables d'être sur le marché, peut-être à un prix différent, a-t-il ajouté. Le crime organisé, c'est pour ça que ça s'appelle "organisé": ils sont déjà en train de réfléchir comment ils vont contrer cette nouvelle façon parce qu'il y aura un produit légal.»

Avant de faire le saut en politique, M. Poëti a fait carrière pendant 28 ans à la Sûreté du Québec.

Mardi, le premier ministre Philippe Couillard a dit voir des «côtés positifs» à la légalisation de la marijuana.

«C'est quand la dernière fois que vous avez acheté une bouteille de rhum sur le marché noir?, a-t-il demandé, citant M. Trudeau. On ne le fait pas, pourquoi? Parce que c'est sorti du crime organisé, c'est sorti du marché noir. C'est devenu un marché réglementé.»

Le gouvernement a assemblé un comité ministériel chargé de se pencher sur la légalisation de la marijuana. Ce comité s'est réuni mercredi matin, et la ministre responsable de la Santé publique, Lucie Charlebois, doit rendre compte des travaux en après-midi.

Le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, s'est dit favorable à la légalisation de la marijuana, bien que son caucus n'ait pas encore arrêté sa position. 

Il a cependant dénoncé la «confiscation» du débat par le gouvernement Trudeau, qui n'a pas consulté le Québec dans l'élaboration de son projet de loi même si celui-ci aura conséquences sur la santé publique et sur la jeunesse. M. Lisée propose donc à Québec de mettre sur pied une commission parlementaire itinérante.

«On veut écouter, a dit M. Lisée. On veut savoir ce que les experts de la sécurité publique, de la santé publique ont à nous dire. On veut voir les meilleures pratiques à l'étranger.»