Le premier ministre Philippe Couillard s'excuse pour le «cafouillage majeur» dans les interventions de secours sur l'autoroute 13 dans la nuit de mardi à mercredi. Il déclenche une enquête externe, menée par un ancien sous-ministre, Florent Gagné.

M. Couillard maintient en poste Laurent Lessard aux Transports, alors que l'opposition réclame sa tête. La sous-ministre responsable de la sécurité civile et de la coordination des mesures d'urgence, Anne-Marie Leclerc, est «relevée de ses fonctions». Dans les faits, elle demeure sous-ministre adjointe, mais on lui retire la responsabilité de la coordination de la sécurité civile. Le haut fonctionnaire Stéphane Lafaud hérite de cette tâche.

Mercredi, «j'ai exprimé mon mécontentement, et je suis plus mécontent ce matin», a déclaré M. Couillard lors d'un point de presse jeudi.

«Devant l'évidence de cafouillage, il n'y a pas d'autre mot que celui-là à utiliser, je veux présenter mes excuses aux gens qui ont été insécurisés, aux blessés, aux familles des victimes. Oui, on faisait face à une situation exceptionnelle, mais la réponse n'a pas été proportionnelle.»

Des centaines d'automobilistes sont restés coincés dans leur véhicule pendant des heures lors de la tempête.

«Maintenant, il doit y avoir des conséquences», a ajouté le premier ministre. Il déclenche une enquête externe pilotée par M. Gagné pour «faire la chaîne des événements» et analyser «les processus de coordination de tous les acteurs».

Il associe la demande de congédiement de M. Lessard à un «débordement partisan» de la part de l'opposition. Les ministres n'ont appris qu'à leur réveil mercredi la crise sur l'autoroute 13, a-t-il plaidé. «Ils n'ont pas été informés, ils se sont réveillés le matin et personne ne les avait appelés.»

Laurent Lessard soutient qu'il a «écouté les nouvelles» mardi soir qui démontraient les perturbations causées par la tempête sur le réseau routier. Il avait toutefois la conviction que les choses étaient prises en main à son ministère, selon ses explications.

Mais «de toute évidence, passé 22 heures, tous les indicateurs étaient au rouge pour déclencher un processus de sécurité civile» visant à secourir des personnes et non seulement «déneiger la voie». Cela n'a pas été fait, a-t-il dit, ajoutant que Mme Leclerc est relevée de ses fonctions.

Il a demandé au sous-ministre Marc Lacroix de rencontrer «les dirigeants qui auraient eu la responsabilité de déclencher le processus de sécurité civile et d'appliquer les sanctions appropriées».

«Au ministère des Transports, ils ne le font jamais s'excuser, pour la première fois, on va le faire, s'excuser pour la population qui a été incommodée parce qu'ils ont été prisonniers pendant une longue période» alors qu'«on avait un devoir de résultat».

L'autoroute 13, sous juridiction provinciale comme toutes les autres, est la seule dont le déneigement est assuré en totalité par le privé. Le sous-traitant Roxboro Excavation «n'a pas répondu à la demande de fournir les camions nécessaires», a dit M. Lessard. «J'ouvre une enquête administrative sur son contrat et je demande au ministère à la suite de ça que toutes les mesures soient prises pour mettre fin à son contrat.»

De son côté, le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, a dit avoir «beaucoup de questions» sur la gestion de la crise par la Sûreté du Québec, «le premier intervenant» sur l'autoroute 13. Il y a eu un délai «inacceptable» avant que le corps policier demande l'aide des pompiers de la Ville. «Il y a une enquête interne qui est déclenchée à la Sûreté du Québec pour s'assurer que si des gens ont failli à leur responsabilité, qu'il y ait des sanctions qui soient prises», a-t-il affirmé.