La proposition d'un groupe d'ex-parlementaires de légiférer pour forcer les partis politiques à présenter autant de femmes que d'hommes aux élections reçoit un accueil en demi-teinte à l'Assemblée nationale. Si les partis se disent ouverts à discuter de la suggestion du groupe mené par l'ex-ministre Marie Malavoy, certaines, à commencer par la présidente du Cercle des femmes parlementaires, soulèvent de sérieuses objections.

Que proposent les ex-parlementaires ?

Dans une sortie remarquée en fin de semaine, un regroupement d'anciennes parlementaires a avancé que seule une loi peut imposer la parité aux partis politiques. « On ne peut pas simplement croire que la place des femmes va évoluer naturellement jusqu'à la parité », résume en entrevue la porte-parole du groupe, l'ex-ministre Marie Malavoy. Les ex-politiciennes, issues de différents partis politiques, proposent que l'Assemblée nationale adopte une loi pour forcer chaque formation à présenter un minimum de 40 % de candidates aux élections générales.

Est-ce une nouvelle idée ?

Non. Il y a 10 ans, le Directeur général des élections, Marcel Blanchet, a proposé de récompenser financièrement les partis qui misent sur plus de candidatures féminines. Le Conseil du statut de la femme s'est prononcé en faveur de quotas de 40 % de femmes candidates en 2015. Les jeunes libéraux ont débattu d'une proposition allant en ce sens l'été dernier, mais l'ont rejetée. Québec solidaire a choisi d'aligner autant de candidates que de candidats et d'être représenté par un porte-parole masculin et une porte-parole féminine.

Qu'en pense le gouvernement ?

La ministre de la Condition féminine, Lise Thériault, ne ferme pas la porte à appuyer une pièce législative qui imposerait la parité aux partis politiques. Elle présentera au printemps une stratégie afin de promouvoir l'égalité entre les hommes et les femmes, et un volet sera réservé au monde politique. « Dans le cadre de cette stratégie, il y a des mesures qui visent à promouvoir une plus grande participation des femmes dans les institutions politiques municipales et provinciales », a indiqué le porte-parole de Mme Thériault, Karl W. Sasseville.

L'opposition appuiera-t-elle un projet de loi ?

Pas nécessairement. Le Parti québécois estime « qu'il faut étudier sérieusement » la proposition de Mme Malavoy et de son groupe, mais ne l'appuie pas formellement. La Coalition avenir Québec est d'accord avec la mesure, à condition qu'elle soit accompagnée de l'introduction du mode de scrutin proportionnel, ce qui permettrait de dresser des listes de candidatures paritaires. Québec solidaire est le seul parti qui appuie sans réserve une loi pour imposer des quotas.

Objections importantes

La proposition s'attire des critiques, et pas de n'importe qui. La présidente du Cercle des femmes parlementaires de l'Assemblée nationale, Maryse Gaudreault, est de ceux qui s'opposent à une loi contraignante. « Une loi, c'est des chiffres, résume Mme Gaudreault. On pourrait avoir 50 % de candidatures féminines et aucune ne serait élue parce qu'on peut les placer dans une circonscription non prenable. » Elle estime que c'est aux partis eux-mêmes de prendre l'initiative de recruter davantage de femmes. Elle souligne au passage que les jeunes et les communautés culturelles sont également sous-représentés à l'Assemblée nationale.

Plafonnement

Claire Kirkland-Casgrain est devenue la première femme élue à l'Assemblée nationale lors d'une élection partielle en 1961. Elle a longtemps été la seule députée au Salon bleu. Le nombre d'élues a connu un bond important à partir du milieu des années 80, mais il a régressé lors du dernier scrutin.