Québec abolit définitivement les bonis au rendement pour les cadres. Mais leurs augmentations de salaire seront un peu plus généreuses que celles accordées aux syndiqués, a appris La Presse.

Après que leur versement ait été suspendu depuis 2010-2011, les bonis au rendement sont maintenant éliminés pour les 27 000 cadres de la fonction publique et des réseaux de l'éducation, de la santé et des services sociaux.

La loi 100 du gouvernement Charest avait entraîné la suspension de ces bonis qui représentaient un peu moins de 2 % de la masse salariale des cadres. Cette mesure a été renouvelée année après année. Mais fait peu connu, certaines catégories de cadres ont continué d'en bénéficier. C'est le cas des conseillers en gestion de ressources humaines du gouvernement, par exemple.

Selon l'entente entre Québec et ses cadres, qui est intervenue en décembre et que La Presse a obtenue, «les dispositions liées au boni au rendement ou toute autre rémunération incitative sont abrogées à compter des exercices financiers débutant en 2016, et ce, pour l'ensemble des hors-cadres, cadres et personnes dont les conditions de travail sont assimilables à celles du personnel d'encadrement».

En contrepartie, Québec a accepté de débloquer des sommes afin d'apporter des «correctifs pour solutionner des problématiques sectorielles». Les associations de cadres déplorent que l'écart de rémunération avec certaines catégories de syndiqués s'est amenuisé au fil du temps, par exemple.

Des augmentations moyennes de 3,5 % sont prévues pour régler ces «problématiques» d'ici 2019-2020, dont une première tranche de 1,5 % en 2017-2018. Elles varieront donc d'une catégorie de cadres à l'autre.

Plus que les syndiqués

Grâce à cette mesure, les cadres obtiennent davantage que les syndiqués. L'écart est de 1,1 %. Le gouvernement ne donnait pas cette précision dans son communiqué de presse du 16 décembre: «L'entente prévoit un renouvellement des conditions de rémunération globale des cadres pour cinq ans, incluant des augmentations salariales équivalant à celles qui ont été négociées avec les principaux syndicats des secteurs public et parapublic.»

Au Conseil du Trésor, on explique que les deux ententes sont «comparables» dans la mesure où les cadres ont accepté l'abolition des bonis au rendement et fait des concessions au chapitre de la retraite.

Comme La Presse le rapportait en décembre, le principal enjeu des pourparlers portait sur le régime de retraite, dont le déficit est de 1,8 milliard. Le gouvernement, les cadres actifs et les retraités contribuent à le résorber par diverses mesures.

«Si le gouvernement a pu dégager une certaine marge pour [les salaires], c'est en compensation des efforts qu'on a faits dans le régime de retraite», soutient le président de l'Association des cadres des collèges du Québec, Charles Simard.

Les syndiqués ont fait eux aussi des concessions en matière de retraite en vertu de leur entente conclue à la fin de 2015, mais les cadres en ont fait davantage compte tenu de la situation particulière de leur régime, selon le Trésor.

LES ENTENTES EN UN COUP D'OEIL

Pour les cadres

• 2015 : Un montant forfaitaire équivalent à 1 %

• 2016 : 1,5 %

• 2017 : 1,75 % + Hausse salariale moyenne de 1,5 %

• 2018 : 2 %

• 2019 : Un montant forfaitaire de 0,5 % + Hausse salariale de 2 % en moyenne

Pour les syndiqués

• 2015 : Un montant forfaitaire équivalent à 1 %

• 2016 : 1,5 %

• 2017 : 1,75 %

• 2018 : 2 %

• 2019 : Un montant forfaitaire de 0,5 % + Hausse salariale de 2,4 % en moyenne