Dans un rare geste d'unité, les partis d'opposition à l'Assemblée nationale ont joint leur voix, mercredi, pour plaider en faveur d'une réforme du mode de scrutin en vigueur au Québec, sans toutefois rallier, du moins, pour l'instant, le gouvernement Couillard à leur cause.

En raison de «l'éclatement du bipartisme», le Parti québécois (PQ), la Coalition avenir Québec (CAQ) et Québec solidaire, accompagnés d'Option nationale et du Parti vert du Québec estiment que le temps est venu de s'éloigner du traditionnel mode de scrutin uninominal à un tour qui prévaut actuellement.

Dans le cadre de travaux menés par le Mouvement démocratie nouvelle (MDN) depuis le printemps, tous ces partis ont signé une déclaration commune de six grands principes, notamment pour plaider pour un système proportionnel mixte qui tiendrait compte du poids des régions.

«Nous invitons le Parti libéral du Québec (PLQ) à emboîter le pas, a affirmé la porte-parole péquiste en matière de réforme des institutions démocratiques, Véronique Hivon. Nous sommes dans une logique où le bipartisme a éclaté et la population réclame des changements.»

Lors de l'élection de 2014, le Parti libéral du Québec avait récolté 42 % des suffrages, ce qui lui avait permis de mettre la main sur 70 des 125 sièges de l'Assemblée nationale, soit 56 %. Plus récemment, dans le cadre des élections partielles de lundi, les libéraux ont réussi à conserver Verdun, mais avec seulement 35 % d'appuis, en baisse importante par rapport à l'appui de 50 % des électeurs lors du scrutin de 2014.

Cette sortie commune survient alors qu'au même moment, sur la scène fédérale, le gouvernement Trudeau hésite à remplir sa promesse électorale visant à réformer le mode de scrutin, ce qui lui attire de nombreuses critiques de la part des partis d'opposition.

Tous les partis ont avoué qu'il serait pratiquement impossible d'apporter des changements en vue du scrutin provincial de 2018, mais ils ont fait preuve d'optimisme pour celui de 2022.

Un changement du mode de scrutin pourrait provoquer une augmentation du nombre de partis présents à l'Assemblée nationale. Questionné, le président du MDN, Jean-Sébastien Dufresne, n'a pas voulu s'avancer sur la possibilité que ce scénario puisse alourdir davantage la structure parlementaire.

«Cela serait ni plus ni moins le reflet de la société», a-t-il répondu.

Bien que des représentants libéraux aient participé aux consultations menées par le MDN au cours des derniers mois, la ministre responsable de la Réforme des institutions démocratiques, Rita de Santis, n'était pas présente à la conférence de presse.

Son attachée de presse, Laurence Tôth, a indiqué qu'aucune invitation formelle n'avait été envoyée à la formation politique.

Au cours d'un entretien téléphonique, elle a affirmé que le PLQ n'avait pas été impliqué dans la rédaction de la déclaration commune signée par les partis d'opposition.

«Est-ce qu'ils ont invité le PLQ comme ils devaient le faire? Non», a dit Mme Tôth.

Celle-ci n'a pas voulu dire si Québec était ouvert à réformer le mode de scrutin, affirmant que le gouvernement Couillard préférait attendre le dénouement du débat qui se déroule sur la scène fédérale.

Les six principes de base de la déclaration commune signée par les partis

- Refléter le plus possible le vote populaire

- Assurer un lien significatif entre les électeurs et les élus

- Viser le respect du poids politique des régions

- Favoriser la stabilité du gouvernement par des mesures encadrant les motions de censure

- Offrir un système accessible dans son exercice et sa compréhension

- Contribuer à une meilleure représentation des femmes, des jeunes et des communautés ethnoculturelles