Le gouvernement doit démettre de ses fonctions Pietro Perrino, haut fonctionnaire du ministère du premier ministre Philippe Couillard, en raison de ses liens avec l'entreprise de l'homme d'affaires controversé Luigi Coretti, a déclaré jeudi la Coalition avenir Québec (CAQ).

S'appuyant sur des échanges de courriels, notamment entre MM. Perrino et Coretti, le député caquiste Simon Jolin-Barrette a affirmé que la situation de cet adjoint du premier ministre est «immorale».

Dans un point de presse, M. Jolin-Barrette a soutenu que les courriels démontrent l'implication de M. Perrino dans les activités du Bureau canadien d'investigation et d'ajustement (BCIA), une agence de sécurité dirigée par M. Coretti.

«On demande au gouvernement de démettre M. Perrino de ses fonctions parce qu'on considère, à la lumière des courriels, de la preuve que vous avez devant vous, qu'il n'est pas apte à occuper ce poste-là, a-t-il dit aux journalistes. Ça soulève énormément de questions relativement aux liens qui existent entre M. Perrino, entre M. Coretti.»

L'entreprise montréalaise a bénéficié du soutien d'un Fonds d'intervention économique régional (FIER) dirigé par M. Perrino, dont le mandat était d'investir du capital de risque au Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Un rapport du vérificateur général, mandaté par le gouvernement à la suite d'une controverse entourant la gestion des FIER, dont le capital se composait de deux tiers de fonds publics, a révélé que le FIER administré par M. Perrino avait un niveau d'actifs hors région plus élevé que le seuil autorisé.

Les échanges de courriels rendus publics par la CAQ indiquent notamment qu'en 2009 et 2010, M. Perrino réclamait des précisions concernant la place d'affaires de BCIA à Chicoutimi.

M. Perrino, nommé secrétaire général adjoint du conseil exécutif en 2014, écrit notamment qu'il ne croit pas «que cette adresse soit encore valide».

Les FIER, qui étaient implantés dans plusieurs régions, étaient des sociétés en commandite qui se spécialisaient dans l'investissement dans des entreprises en démarrage.

Jeudi, M. Jolin-Barrette a déclaré que les courriels démontrent que M. Perrino a tiré profit des investissements de fonds publics dans BCIA, une entreprise qui a fait faillite en 2010.

«On pose des questions aujourd'hui au gouvernement et est-ce que le gouvernement Couillard, avant de nommer M. Perrino, avait fait toutes ces vérifications-là? C'est extrêmement important parce que c'est de l'argent public qui est en jeu et ça ne sera pas acceptable que M. Perrino ait obtenu une cote à partir du moment où BCIA a fait faillite, puis est parti avec l'argent des Québécois», a-t-il dit.

En chambre, jeudi, le leader parlementaire du gouvernement, Jean-Marc Fournier, a qualifié les attaques de la CAQ d'opération de salissage.

«Je crois que nous devrions respecter les personnes qui travaillent dans la fonction publique, a-t-il dit. Que vous ne les aimiez pas, c'est une chose; qu'ils aient le droit d'y travailler, qu'ils aient le droit de rendre service à la population, je pense qu'on devrait protéger ce droit plutôt que de l'attaquer de la façon dont vous le faites.»

Malgré une demande de réaction formulée jeudi, le conseil exécutif n'était pas disponible, dans l'immédiat, pour répondre aux déclarations de M. Jolin-Barrette.

M. Perrino, un militant libéral de longue date, exerce les fonctions de numéro deux de l'ensemble de l'administration gouvernementale, à la suite d'une nomination du conseil des ministres.

Accusé de fraude, de fabrication de faux et d'usage de faux pour avoir produit des bilans comptables surévalués, M. Coretti a bénéficié d'un abandon des accusations, la semaine dernière, en raison des trop longs délais des procédures le visant.

L'ex-ministre libéral Tony Tomassi a plaidé coupable à des accusations de fraude envers le gouvernement après avoir acheté de l'essence avec une carte de crédit de BCIA que lui avait remise M. Coretti, alors que l'Assemblée nationale lui versait également une allocation pour ses déplacements.

Le député de Québec solidaire Amir Khadir a rappelé que M. Perrino a été organisateur politique des libéraux, mais également de l'ex-maire de Laval, Gilles Vaillancourt, qui a reconnu jeudi sa culpabilité à des accusations de complot, de fraude et d'abus de confiance.

«On assiste à des nominations de gens comme Pietro Perrino aux plus hauts postes de commande de l'État, de gens qui opéraient, dans les plus belles années de Vaillancourt et de Jean Charest, dans la corruption qui a marqué ces années-là, a-t-il dit. Est-ce qu'on doit être rassuré? Poser la question, c'est y répondre.»