Le premier ministre Philippe Couillard a salué la réponse à l'accusation de Gilles Vaillancourt, jeudi, mais l'opposition s'est insurgée contre le fait que l'ex-maire de Laval ne passera que deux ans en prison.

M. Couillard a réagi avec prudence à la décision de M. Vaillancourt de plaider coupable à trois chefs d'accusation de complot, fraude et abus de confiance. Mais il s'est montré satisfait de l'issue du procès.

« Le message qui est envoyé, c'est que personne n'est au-dessus des lois, que les élus ont un devoir d'exemplarité particulier, a souligné le premier ministre. Je pense qu'on en est tous et toutes très conscients. »

La ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, a fait valoir que, lorsqu'un accusé enregistre cette réponse à l'accusation, c'est que la preuve amassée contre lui était « solide ». À l'instar du premier ministre, elle a salué le message que l'issue du procès Vaillancourt envoie aux Québécois.

« Le message, et c'est le message qu'on porte depuis des années, c'est qu'il n'y a personne qui est au-dessus des lois au Québec, a-t-elle dit. Personne. »

L'entente que M. Vaillancourt a conclue avec la Couronne prévoit une peine de six années en prison et une amende de 9 millions de dollars. Il n'aura à purger que le tiers de la peine, soit deux ans.

Pour le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, cette punition est insuffisante.

« Ça a un goût de trop peu », a-t-il lâché.

Le chef de l'opposition trace un lien direct entre l'issue du procès Vaillancourt et la crise qui secoue le système de justice québécois. Dans la foulée de l'arrêt Jordan, qui balise la durée raisonnable des procès, quelque 222 requêtes en arrêt de procédures ont été intentées.

Or, martèle M. Lisée, le gouvernement Couillard est en partie responsable de la crise parce qu'il a imposé des compressions de 24 millions au système de justice au cours des trois dernières années.

« M. Vaillancourt a eu dans ses mains un pouvoir de négociation qu'il n'aurait pas dû avoir, et ce pouvoir, c'est l'incurie de ce gouvernement, qui est responsable de ne pas pouvoir aller au bout des accusations auxquelles la population s'attend », a dénoncé M. Lisée à l'Assemblée nationale.

Le député de la Coalition avenir Québec, Simon Jolin-Barrette, a abondé dans le même sens. Selon lui, « le système de justice craque de partout », et il lance la pierre au gouvernement libéral, qui est au pouvoir presque sans interruption depuis 2003.

« On est un peu déçus, a-t-il déploré. Et surtout, c'était une chronique annoncée parce que les libéraux n'ont pas mis en place toutes les mesures pour avoir un système de justice efficace. »

Le député de Québec solidaire, Amir Khadir, craint pour sa part que l'issue du procès Vaillancourt n'empêche les Québécois d'en apprendre davantage sur la « protection » dont il a profité du gouvernement du Québec au fil des années. Selon lui, M. Vaillancourt n'aurait pu agir sans la « complicité » des décideurs du gouvernement, notamment sous les libéraux de Jean Charest.

« J'ai peur que la justice et la vérité ne soient pas bien servies si les informations qui puissent nous permettre de connaître les ramifications politiques à l'échelle du gouvernement du Québec dont jouissaient Gilles Vaillancourt ne sont pas rendues publiques », a affirmé M. Khadir.