La Coalition avenir Québec dénonce le laxisme du gouvernement devant la prolifération des appareils de loterie vidéo illégaux dans deux réserves micmaques de Gaspésie. Québec s'est dit « préoccupé » par les révélations de La Presse et a contacté la communauté pour obtenir des explications.

« C'est extrêmement troublant que cette communauté compte 300 appareils pour 1800 habitants, alors que la norme est de deux appareils pour 1000 personnes. Je ne peux pas concevoir que le gouvernement ne tient pas compte des enjeux de santé publique, du jeu pathologique », a réagi le député François Bonnardel, critique en finances pour la CAQ.

La Presse révélait hier qu'elle avait dénombré près de 300 appareils de loterie vidéo sur la réserve de Listuguj et 68 à Gespapegiag. François Bonnardel estime que Québec doit convaincre les conseils de bande de réduire le nombre d'appareils pour éviter de voir les problèmes de jeu miner leurs communautés.

« On se lève et on pose des questions en Chambre quand on découvre qu'il y a cinq, six ou sept machines dans des quartiers défavorisés, mais là, on a un appareil par six habitants. Ça ne fait pas de sens, s'indigne Bonnardel. On appauvrit la communauté, les Québécois. C'est un fléau social. Ça me tue de voir qu'on accepte ça sans rien faire depuis une quinzaine d'années. »

QUÉBEC « PRÉOCCUPÉ »

Le gouvernement s'est dit « préoccupé » par les révélations de La Presse sur la prolifération des appareils illégaux à Listuguj, où l'on comptait moins de 30 appareils en 2000. « Ça me préoccupe énormément. Mais comme vous savez, ces appareils n'appartiennent pas à Loto-Québec, ce sont des appareils illégaux, donc c'est une question pour que les forces de l'ordre, les forces policières réglementent cette question », a réagi le ministre Carlos Leitao, responsable de Loto-Québec.

Au cabinet du ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, on a indiqué que celui-ci se montrait tout aussi préoccupé par la situation et devant l'absence d'intervention de la police locale. « Il est préoccupé par les enjeux des machines de loterie vidéo et nous avons communiqué avec la communauté de Listuguj ce matin », a indiqué son attachée de presse, Marie-Ève Pelletier. Cette dernière a réitéré que le dossier relevait des corps de police locaux, à qui il incombait d'assurer l'application du Code criminel.

Depuis deux semaines, le conseil de bande et la police de Listuguj ont refusé de répondre à toute question de La Presse sur la présence de ces machines illégales. Celles-ci sont présentes dans chacun des 10 dépanneurs de la réserve.

Le ministre Leitao voit dans la prolifération des appareils de loterie vidéo illégaux un signe de ce qui pourrait advenir si Loto-Québec devait se retirer de leur gestion. « Ça illustre ce qui pourrait arriver si jamais on s'en allait dans une direction que certains semblent souhaiter, que l'État se désengage de la gestion de ces appareils. Quand l'État se désengage de la gestion de ces appareils, c'est un peu ça qui arrive. »

- Avec Martin Croteau, La Presse