Il ne sera pas possible d'extraire le gaz de schiste de la vallée du Saint-Laurent « à court terme », a affirmé mardi le ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand. Mais il garde la porte ouverte à ce que les hydrocarbures y soient exploités plus tard.

L'opposition et un groupe citoyen ont lancé mardi une nouvelle salve contre le projet de loi 106 sur les hydrocarbures. Ils accusent le gouvernement libéral d'utiliser cette pièce législative pour lever en douce la suspension des licences d'exploration décrétée en 2011 et reconduite en 2014.

Le ministre Arcand a répondu qu'il s'oppose à l'imposition d'un «moratoire» sur les hydrocarbures. Il fait valoir que des avancées technologiques pourraient éventuellement rendre cette industrie plus acceptable.

«Peut-être que dans un futur, il y a quelque chose qui va permettre... certaines technologies, on ne sait pas», a dit M. Arcand.

Mais pour l'heure, il n'est pas question de relancer l'exploration et l'extraction du gaz de schiste, a précisé le ministre.

«À court terme, ce n'est pas possible», a résumé le ministre, en invoquant l'absence d'acceptabilité sociale.

Les propos de M. Arcand diffèrent de ceux tenus, fin septembre, par le premier ministre. Devant les représentants de la Fédération québécoise des municipalités, Philippe Couillard avait clairement laissé entrevoir la fin de l'industrie du gaz de schiste.

«Vous savez qu'il n'y a pas eu de fracturation dans les basses terres du Saint-Laurent, il n'y en aura pas, avait-il déclaré à l'époque. On va continuer avec la même attitude.»

Pour le Collectif moratoire alternatives vigilance intervention, qui a tenu un point de presse en compagnie de la députée de Québec solidaire, Manon Massé, il est clair que le gouvernement ne jouait pas franc jeu. Son porte-parole, Serge Fortin, souligne que la porte restera ouverte à l'industrie tant que le projet de loi 106 ne sera pas amendé pour interdire explicitement l'extraction du gaz de schiste.

«Pour nous, c'est de la "bullshit"», a résumé M. Fortin.

Selon le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, les propos du ministre Arcand prouvent que le projet de loi qui vise à encadrer les hydrocarbures favorise l'industrie pétrolière et gazière.

« Le lobby du pétrole tient la plume du gouvernement », a-t-il résumé.

Il s'est engagé à révoquer le projet de loi 106 si son parti forme le gouvernement au terme des élections de 2018.