La pression s'est accentuée sur le chef du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), mardi, à l'Assemblée nationale. Les deux partis de l'opposition réclament que Philippe Pichet soit suspendu, voire qu'il démissionne, pour avoir autorisé des enquêteurs à espionner le journaliste Patrick Lagacé.

Le Parti québécois exige que le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) se penche sur le dossier. Il suggère que les conclusions de l'organisme nouvellement créé soient rendues publiques et discutées en commission parlementaire.

Le chef du PQ, Jean-François Lisée, exige que M. Pichet soit suspendu le temps que le BEI mène ses travaux.

«De toute évidence, il a pris une décision sur la demande de ces mandats sur M. Lagacé qui démontre qu'il n'avait pas une conscience suffisamment forte de la nécessité de protéger le travail journalistique.»

Le chef péquiste a qualifié de «dérive» le fait que le journaliste soit visé par au moins 24 mandats de surveillance afin d'analyser ses appels entrants, sortants, ses textos et d'activer son GPS.

Il appelle Québec à réviser le cadre législatif qui balise l'émission de mandats par des juges de paix. Il propose aussi que le Québec se dote d'une loi pour garantir la protection des sources journalistiques.

Enquête publique

Selon le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, l'espionnage de Patrick Lagacé et la saisie de l'ordinateur du journaliste Michael Nguyen du Journal de Montréal constituent des «atteintes graves à notre système démocratique».

Il a appelé le gouvernement Couillard à instituer une enquête publique pour faire la lumière sur ces cas. Il l'a également mis au défi de préciser sa pensée au sujet du «comportement» de Philippe Pichet.

Aux yeux de M. Legault, la confiance du public à l'égard du chef du SPVM «est ébranlée».

«(M. Pichet) ne semblait pas avoir pris la pleine mesure des allégations qui sont portées contre son service policier, a dit M. Legault. Ce sont des allégations qui sont très graves, et je crois que M. Pichet devrait réfléchir sérieusement à donner sa démission.»