Après s'être retrouvé au centre d'une controverse dans le cadre de la course à la direction du Parti québécois (PQ), le prédicateur controversé Adil Charkaoui a accusé, mardi, Alexandre Cloutier et Jean-François Lisée de sombrer dans le populisme pour gagner des votes.

Dans une vidéo intitulée «Affaire Lisée-Cloutier», M. Charkaoui a marqué une préférence pour l'ouverture de M. Cloutier aux immigrants et aux musulmans tout en dénonçant son «manque de leadership pour défendre ses idées».

M. Charkaoui, porte-parole du Collectif québécois contre l'islamophobie, a accusé M. Lisée de «malhonnêteté intellectuelle» et d'avoir instrumentalisé l'islamophobie dans la course.

La semaine dernière, M. Lisée avait déclaré sur les réseaux sociaux que M. Charkaoui appuyait M. Cloutier, des propos qu'il a ensuite retirés pour des raisons de sécurité.

Mardi, M. Lisée a reconnu qu'il aurait dû se limiter à souligner, vendredi, que M. Charkaoui «a dit du bien» des positions sur la laïcité de M. Cloutier.

Dans son billet vidéo d'une durée de moins de cinq minutes, M. Charkaoui a affirmé que le Collectif n'a pas appuyé M. Cloutier, dont il a toutefois souligné les propositions d'ouverture.

Selon lui, M. Cloutier s'est montré favorable à l'intégration des immigrants et des musulmans dans la fonction publique et s'est dissocié de la «charte islamophobe» du précédent gouvernement de la première ministre Pauline Marois.

«Il nous apparaît clairement qu'Alexandre Cloutier demeure la voix la plus modérée au sein du Parti québécois, a-t-il dit. Et, surtout, il comporte au sein de son équipe bon nombre de conseillers maghrébins et musulmans pratiquants, ce qui est à son honneur.»

Depuis vendredi dernier, M. Cloutier a nié tout lien entre M. Charkaoui et lui. Mardi, son porte-parole Dominic Vallières a indiqué qu'aucun musulman ne fait partie de l'équipe rapprochée de sa campagne.

M. Charkaoui a renvoyé dos-à-dos les deux candidats qu'il accuse de s'adresser à une «partie non négligeable» de militants racistes et islamophobes.

Selon lui, «au lieu de les rappeler à l'ordre, ils sombrent dans le populisme pour gagner des votes».

La semaine dernière, M. Charkaoui avait déjà exprimé une préférence pour M. Cloutier, un commentaire récupéré par M. Lisée.

Mardi, lors d'une conférence de presse, M. Lisée a déclaré qu'il n'aurait pas dû utiliser le mot «appui» pour décrire cette situation.

«Alexandre n'a pas sollicité son appui, Alexandre ne connaît pas Adil Charkaoui, a-t-il dit. Adil Charkaoui est quelqu'un de détestable. S'il lisait correctement les propositions d'Alexandre sur la laïcité, il ne pourrait pas l'approuver.»

Samedi dernier, M. Cloutier a annoncé qu'il avait avisé la Sûreté du Québec en raison des messages menaçants reçus à la suite de l'association faite par M. Lisée avec M. Charkaoui.

Aux journalistes, M. Lisée a fait référence aux divers sens du mot «appui» pour expliquer son message sur les réseaux sociaux, qu'il a ensuite retiré pour des raisons de sécurité.

«J'ai compris que c'est un sens général où ce n'est pas un appui, a-t-il dit. Mais il a dit du bien de. Si c'était à refaire je dirais: «il a dit du bien de'. Si c'était à refaire, je pense qu'on ne referait pas la journée, de part et d'autre.»

Après avoir lui-même présenté de nouveaux appuis, M. Lisée a affirmé qu'il avait démontré son côté «bagarreur» lorsqu'il a transmis son message associant M. Charkaoui à la campagne de M. Cloutier.

M. Lisée a estimé que ses nouveaux appuis, qui portent à cinq le nombre de députés dans son équipe, placent son organisation à égalité avec celle de M. Cloutier et les 13 députés dans son groupe.