Le premier ministre Philippe Couillard laisse planer le recours au bâillon pour forcer l'adoption de sa réforme de l'aide sociale si l'opposition persiste dans son « obstruction » parlementaire.

Le projet de loi 70 prévoit des sanctions financières contre les nouveaux demandeurs d'aide sociale qui refuseraient de participer à un programme d'intégration en emploi ou de retour aux études. Ceux qui y prendraient part toucheraient une allocation supplémentaire.

L'étude article par article du projet de loi dure maintenant depuis près de 100 heures en commission parlementaire. Le Parti québécois et Québec solidaire s'opposent farouchement aux sanctions.

Philippe Couillard est à bout de patience. « Je veux envoyer un message très clair : ce projet de loi est majeur pour l'économie du Québec, pour la main d'oeuvre du Québec. Il sera adopté, il doit être adopté. On peut bien donner un peu de place à la discussion, mais un moment donné, il va falloir avancer. Il va falloir que le projet de loi soit adopté », a-t-il affirmé en conférence de presse mercredi, en marge de la réunion du caucus libéral pour préparer la rentrée de l'Assemblée nationale.

En commission parlementaire, « il n'y a pas de progrès. On passe littéralement des heures à parler de virgules. Pour deux des trois partis d'opposition, on parle d'obstruction claire ».

Il a laissé planer le recours au bâillon qui permet de suspendre les procédures normales et d'adopter rapidement un projet de loi. Il a lancé en quelque sorte un ultimatum à l'opposition. « On rentre en Chambre le 20 septembre. Rapidement mes collègues, en quelques jours, pourront décoder l'attitude des oppositions. Je pense que si on reste sur des virgules pendant des heures de temps, on aura bien compris le message », a affirmé M. Couillard. Il a fait valoir que l'opposition est libre de voter contre le projet de loi et d'expliquer ses objections. « On sait que le Parti québécois et Québec ne sont pas d'accord, la population l'a bien compris. Nous, on veut l'adopter ce projet de loi », a-t-il dit.

Philippe Couillard tient aux sanctions prévues au projet de loi pour inciter les 17 000 nouveaux demandeurs annuellement d'intégrer le marché du travail. « Si on n'a pas ça, on rate la cible », a-t-il plaidé. « On présente ça (les sanctions) comme une chose exceptionnelle, mais tout le monde fait ça dans le monde occidental ». L'État est prêt à aider les nouveaux demandeurs, mais ils doivent s'aider eux-mêmes, a-t-il résumé en anglais.

« Malgré certaines perceptions, il ne s'agit pas de pousser des jeunes vers un emploi peu importe l'emploi qui est offert. Pas du tout. S'il y a des problèmes d'employabilité, s'il y a des études à poursuivre, s'il y a une toxicomanie à régler, un problème de santé mentale à régler, ça va passer par-dessus tout. »

Le gouvernement ne met pas de l'avant cette initiative pour dégager des économies, a-t-il ajouté. Le nouveau programme lui coûtera 50 millions de dollars par année en raison des allocations supplémentaires qui seront accordées aux participants.

À la suite de la sortie du premier ministre, le PQ et QS ont maintenu leur refus d'accepter une réforme prévoyant des sanctions. Le gouvernement doit y renoncer pour que l'étude du projet de loi 70 se fasse rapidement, ont-ils fait savoir en substance.