L'ancienne ministre libérale Nathalie Normandeau sera présente en cour lundi pour la première fois depuis le début des procédures contre elle.

Accusée notamment de corruption avec six autres personnes à la suite d'un vaste coup de filet de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) le 17 mars, elle sera au palais de justice de Québec pour une conférence de gestion en vue de fixer l'enquête préliminaire.

Lors de la dernière audience, le 5 juillet, le juge Alain Morand, de la Cour du Québec, avait exigé la présence de tous les accusés et de leurs avocats à la prochaine étape des procédures.

Par la voix de leurs avocats, les accusés avaient alors fait savoir qu'ils allaient contester la tenue du procès dans le cadre de leur enquête préliminaire. La Couronne devra donc ainsi faire sa preuve sur les éléments essentiels de l'infraction. Le juge aura à déterminer, à la fin de l'ensemble de la preuve, s'il doit citer à procès chacun des prévenus sur les chefs d'accusation qu'on leur reproche, avait alors expliqué le procureur de la Couronne, Pascal Lescarbeau.

L'enquête préliminaire devrait avoir lieu en 2017, mais elle pourrait être plus longue étant donné la contestation du renvoi en procès, avait-il aussi indiqué.

Nathalie Normandeau fait face à un total de sept chefs d'accusation de complot, de corruption, d'abus de confiance et de fraude. Elle est passible d'un maximum de 14 ans d'emprisonnement.

Ancienne mairesse de Maria, en Gaspésie, Nathalie Normandeau a été députée de Bonaventure pendant 12 ans, vice-première ministre, ainsi que titulaire du portefeuille des Affaires municipales et des Ressources naturelles dans le gouvernement de Jean Charest, jusqu'à sa démission en 2011.

Elle est devenue plus tard animatrice au FM93, à Québec. Elle poursuit actuellement son ancien employeur, Cogeco, qui l'a suspendue sans solde, puis congédiée à la suite de son arrestation.

Toutefois, elle a maintenant retrouvé un microphone: à compter de septembre, elle sera à l'antenne de BLVD 102,1, toujours dans la région de Québec, mais tous les partis représentés à l'Assemblée nationale ont fait savoir qu'ils allaient la boycotter. Cependant, des élus fédéraux ont indiqué qu'ils accepteraient ses invitations.

Un groupe de Gaspésiens a mis sur pied un fonds de défense qui collecte des dons pour appuyer Nathalie Normandeau dans ses démarches judiciaires contre son ancien employeur. Les quelques libéraux qui sont instigateurs de ce fonds visent à amasser 300 000 $, dont 150 000 $ d'ici à décembre.

Les six autres accusés arrêtés en même temps que Nathalie Normandeau sont son ex-directeur de cabinet, Bruno Lortie, trois anciens dirigeants du cabinet de génie-conseil Roche, Mario Martel, France Michaud et l'ex-ministre et organisateur libéral Marc-Yvan Côté, de même que l'ancien maire de Gaspé, François Roussy, et l'ancien responsable du bureau de circonscription de Pauline Marois dans Charlevoix, Ernest Murray.

À la suite des arrestations, le commissaire de l'UPAC, Robert Lafrenière, avait déclaré que les sept prévenus étaient soupçonnés d'avoir participé à «des stratagèmes criminels reliant à la fois des activités frauduleuses de financement politique et l'obtention indue de subventions gouvernementales ou de contrats publics».