Le nouveau ministre des Transports, Laurent Lessard, demande à Ottawa d'analyser la criminalisation du cellulaire au volant. Il entend durcir les sanctions contre les conducteurs pris en défaut.

Dans un rapport obtenu par La Presse plus tôt cette semaine, le coroner Michel Ferland recommande d'ajouter au Code criminel une infraction distincte pour l'utilisation du cellulaire au volant. Il dresse un parallèle avec la conduite en état d'ébriété. Claude Robert, président du conseil du Groupe Robert, un géant de l'industrie du camionnage, plaide en faveur de cette mesure.

Michel Ferland prône également la saisie du téléphone, l'installation d'un système de brouillage des ondes dans les véhicules neufs et une hausse du montant de l'amende, qui varie de 80 $ à 100 $ à l'heure actuelle. Depuis avril 2015, les fautifs sont sanctionnés de quatre points d'inaptitude, contre trois points auparavant.

Laurent Lessard a discuté de la criminalisation du cellulaire au volant avec le ministre fédéral Jean-Yves Duclos en matinée mercredi. Il interpellera prochainement le titulaire des Transports à Ottawa, Marc Garneau, sur cette recommandation d'un coroner. « On va en discuter, c'est à l'ordre du jour. On va lui demander qu'il l'analyse », a affirmé M. Lessard à son arrivée à la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. Rappelons que le Code criminel relève du fédéral.

« Dans le Code criminel, il y a des éléments si quelqu'un a une conduite dangereuse. Il peut être accusé. Est-ce que spécifiquement, ils doivent intervenir [pour rendre criminel le cellulaire au volant précisément] ? Attention, c'est ça la vraie question », a affirmé M. Lessard.

Chose certaine, à ses yeux, « on ne peut pas ne pas rien faire » devant ce fléau. « Il faut prendre les moyens nécessaires pour faire cesser ce genre de comportement », a-t-il dit. « C'est rendu assez important que quand on voit le louvoiement des véhicules aujourd'hui, on ne se dit pas qu'il a bu, on pense qu'il est en train de texter. »

Il envisage de modifier le Code de la sécurité routière, qui interdit le cellulaire au volant depuis le 1er avril 2008. « Nécessairement, le côté législatif, on va adresser la question dès cette semaine pour voir quel est l'élément déclencheur [faisant en sorte] qu'on dit un moment donné : "Je ne conduis pas en textant", a-t-il affirmé. On peut faire quelque chose du côté du Code de la sécurité routière. Est-ce que les pénalités sont suffisantes, dissuasives ? » 

Selon lui, une « pénalité assez importante » forcerait les conducteurs à y penser à deux fois avant de commettre l'infraction : « Suis-je prêt à perdre mon permis, me faire saisir des choses, perdre tous mes points de démérite [sic] ? » a-t-il lancé pour illustrer ses propos. Une « gradation » des sanctions sera étudiée. « J'ai à considérer le rapport du coroner », a-t-il ajouté, sans vouloir prendre d'engagement concernant l'une ou l'autre des mesures recommandées.

Par ailleurs, la mort tragique d'une cycliste happée lundi par un camion - la deuxième à survenir cet été à Montréal - a relancé le débat sur les mesures de sécurité à prendre pour éviter ce genre de drame. Questionné au sujet de rendre obligatoire des protections latérales sur les poids lourds, Laurent Lessard a répondu qu'il entend « communiquer avec l'association des transporteurs pour voir quelles sont les meilleures mesures dans le partage de la route qui pourraient être faites dans l'industrie ».