Alors que le débat fait rage en France sur la possibilité d'interdire le burkini, la députée de la Coalition avenir Québec (CAQ) Nathalie Roy a prôné mercredi l'interdiction au Québec de ce maillot de bain porté par certaines musulmanes. Une position rejetée par la ministre de la Justice Stéphanie Vallée, pour qui les femmes ont le «droit de se vêtir comme elles [le] souhaitent».

La députée de Montarville le martèle en entrevue : le burkini est un «symbole d'intégrisme religieux» qui vient «nier l'égalité entre les hommes et les femmes» et n'a pas sa place sur les plages et les piscines du Québec. «C'est un objet qui est fait pour cacher le corps de la femme. C'est lourd de signification. Ce n'est pas un vêtement anodin, et moi, ça me heurte profondément», soutient-elle. Cette proposition ne fait pas partie du programme politique de la CAQ, précise-t-elle.

Selon Nathalie Roy, le gouvernement Couillard devrait faire preuve de «courage politique» et évaluer les moyens juridiques pour interdire le burkini. «Le niqab, la burqa, le tchador et le burkini sont des objets d'oppression et de soumission de la femme. On instrumentalise une religion, une culture ou un agenda politico-religieux pour des fins d'oppression et de soumission. Il faut sortir la tête du sable», lance-t-elle.

Le premier ministre français Manuel Valls a lancé un pavé dans la mare mardi en disait «comprendre» et «soutenir» les maires d'une poignée de stations balnéaires de la France ayant récemment décidé d'interdire le burkini. «Les plages, comme tout espace public, doivent être préservées des revendications religieuses», a-t-il déclaré à un journal français.

«C'est un débat qui est de l'autre côté de l'océan. On va le laisser de l'autre côté de l'océan», a affirmé en conférence de presse Stéphanie Vallée. Selon la ministre de la Justice, il n'y a pas «beaucoup de burkinis» au Québec dans tous les cas. «Une femme a le droit de se vêtir comme elle le souhaite. Il y a des femmes qui sont vêtues de façon un peu plus choquante aussi par moments.»

Ce serait «très difficile d'interdire» le burkini dans l'espace public, a déclaré la ministre des Relations internationales et de la Francophonie Christine St-Pierre mercredi en mêlée de presse. «Nous, ici, je pense qu'on a une certaine tolérance, mais en même temps on ne veut pas que ces femmes là soient stigmatisées, on veut les aider à s'épanouir comme femmes et c'est la raison pour laquelle on travaille avec elles.»

L'interdiction du burkini n'est «absolument pas sérieuse» et représente un piètre moyen pour «lutter contre le terrorisme islamique et la radicalisation», soutient la députée de Québec solidaire Manon Massé, d'autant plus qu'une telle loi risque «d'isoler encore plus les femmes». «Ce n'est pas nous à dire aux femmes ce qu'elles doivent faire avec leur corps. Le vrai problème, c'est le terrorisme islamique. Et là-dessus, la France n'est certainement pas un modèle à suivre», maintient-elle, en entrevue avec La Presse.

Le candidat à la direction du Parti québécois Jean-François Lisée estime nécessaire de débattre de l'interdiction de la burqa, du niqab et du burkini dans l'espace public. «Nous avons un ennemi déclaré, l'État islamique, qui recrute ici des gens pour poser des bombes. Notre seul choix est de débattre de l'interdiction de la burka [sic] AVANT qu'un jihadiste s'en serve pour cacher ses mouvements pour un attentat, ou APRÈS», a-t-il évoqué mercredi soir sur Facebook.

Nathalie Roy