La députée Sylvie Roy, décédée dimanche à Québec, a succombé à une hépatite aiguë.

L'information a été confirmée lundi par un proche conseiller de la députée d'Arthabaska, Éric Vachon, qui est en lien avec la famille pour assurer les relations avec les médias et planifier l'organisation des funérailles.

Les funérailles seront célébrées le 8 août à Trois-Rivières, à la cathédrale de l'Assomption.

Normalement, lors du décès d'un député en fonction, les funérailles sont de nature privée. On ne prévoit donc pas de funérailles nationales. Cependant, l'Assemblée nationale se met à la disposition de la famille pour l'accompagner dans l'organisation des funérailles du défunt, si nécessaire.

La députée, qui était mère de deux enfants, est décédée dimanche après-midi à 51 ans, après un mois d'hospitalisation à l'Hôpital Enfant-Jésus de Québec.

La cause exacte de la maladie, qui a attaqué le foie de la députée, demeurera inconnue. Une biopsie a été pratiquée, mais elle n'était pas concluante, les tissus prélevés étant trop nécrosés. Les médecins ont renoncé à faire une deuxième biopsie, en constatant la détérioration de l'état général de la patiente. À la suite du décès, la famille a refusé de procéder à une autopsie, a indiqué M. Vachon.

Au cours des derniers mois, l'état de santé de Mme Roy préoccupait ses proches. Nausées, toux et fatigue minaient son quotidien. Mais malgré les pressions de son personnel et de sa famille, elle a refusé de consulter un médecin, aussi longtemps qu'elle a pu. Elle tenait à mener à bien ses dossiers, le tout dernier étant son combat contre la création d'un registre des armes à feu.

En novembre 2014, Mme Roy avait été mise en congé forcé par son médecin pendant quelques mois. Elle disait avoir contracté une mystérieuse bactérie lors d'un voyage en Afrique. Aucun lien n'a été fait entre cet épisode et la maladie qui a emporté la députée dimanche.

Sous le choc depuis l'annonce de son décès subit, la classe politique a multiplié les hommages à la disparue, élue à cinq reprises et membre de l'Assemblée nationale depuis 2003, d'abord comme députée adéquiste, jusqu'en 2011, puis caquiste jusqu'en 2015 et indépendante depuis un an.

Mme Roy avait quitté avec fracas la Coalition avenir Québec (CAQ) en août 2015, soutenant que son chef, François Legault, lui avait enlevé les dossiers qui lui tenaient à coeur et avait orchestré une campagne de salissage contre elle.

M. Legault avait répliqué en lui reprochant ses absences fréquentes et ses problèmes de comportement. Il lui avait conseillé de consulter un médecin. Un membre de l'entourage du chef avait affirmé alors sur les réseaux sociaux qu'elle avait un problème d'alcool, ce que Mme Roy avait nié catégoriquement.

Dimanche soir, M. Legault a été un des premiers à lui rendre hommage, la décrivant comme une femme «passionnée, qui était proche des gens et qui n'avait pas peur de se battre pour ses idées».

Celui qui fut son chef à l'époque de l'Action démocratique, Mario Dumont, estime qu'elle était sous-estimée et que son talent avait été sous-utilisé sous la gouverne de M. Legault.

«Elle s'est sentie sous-utilisée», a fait valoir en entrevue téléphonique M. Dumont, aujourd'hui animateur et commentateur politique à TVA.

Selon sa compréhension, M. Legault et son entourage «la voyaient comme une pauvre rurale, un peu sans envergure», ce qui était une erreur.

Au contraire, Sylvie Roy était la voix des «sans voix», affirme M. Dumont, qui garde le souvenir d'une battante, allumée, déterminée, cultivée et toujours prête à défendre ses dossiers.

En vacances en Grèce, le député caquiste François Bonnardel, visiblement ébranlé, a tenu lui aussi à rendre hommage à la disparue qu'il a côtoyée de près pendant plusieurs années. C'est lui, qui, l'an passé, avait tenté d'apaiser les tensions entre M. Legault et elle, pour éviter son départ.

C'était «une femme de tous les combats», s'est-il rappelé en entrevue téléphonique. Cette «femme du peuple» avait le don de flairer le bon message, de prendre le pouls des gens.

Le chef de l'opposition officielle et chef par intérim du Parti québécois, Sylvain Gaudreault, l'a décrite comme «une députée combative, engagée pour les gens de sa circonscription, près de son monde», une femme qui plaçait «la justice et le service public au centre de ses priorités».

Le décès de la députée d'Arthabaska devra entraîner une troisième élection complémentaire au cours des prochains mois, avec celle de Saint-Jérôme, circonscription laissée vacante en mai par Pierre Karl Péladeau, et celle prévue dans Marie-Victorin, représentée jusqu'en juin par Bernard Drainville.