Trois députés péquistes veulent donner une chance à un « Canada renouvelé ». Fini le référendum classique entre le Oui et Non. Pour briser le « monopole libéral » et « régler la question nationale une fois pour toutes », le Parti québécois devrait selon eux s'engager à tenir un référendum offrant aux électeurs deux options : un Québec indépendant et une éventuelle « nouvelle offre constitutionnelle du Canada ».

Un gouvernement péquiste devrait reconnaître la légitimité du « Canada renouvelé » advenant la victoire de cette option.

C'est ce qu'ont proposé lundi les députés péquistes Nicolas Marceau, Alain Therrien et Mireille Jean ainsi que deux militants actifs du PQ (l'ex-candidate du Bloc Catherine Fournier et un membre de l'exécutif de Bourget, Louis Lyonnais).

Ils sont insatisfaits des positions sur la question nationale présentées par les quatre candidats déclarés dans la course à la direction du PQ.

Selon eux, pour remporter les prochaines élections, le PQ doit absolument faire « la jonction entre les indépendantistes et les nationalistes ». Il devrait solliciter un mandat « anti statu quo », une option qui rejoint selon eux une majorité de la population. « Le prochain chef doit écarter l'approche du référendum classique », a dit Nicolas Marceau en conférence de presse. « Le mandat anti statu quo stipulerait qu'un gouvernement du Parti québécois s'engagerait à tenir, trois ans après l'élection, une consultation populaire dans le cadre de laquelle les Québécois auraient à choisir entre l'indépendance et une nouvelle offre constitutionnelle du Canada. »

Le groupe veut forcer Ottawa à présenter une telle offre. Il nommerait un « négociateur crédible et croyant au fédéralisme renouvelé », choisi par les fédéralistes selon un processus qui reste à déterminer, pour entreprendre les pourparlers avec Ottawa. Ce dernier aurait trois ans pour soumettre une offre. S'il devait ne pas en présenter une, le statu quo serait l'option offerte aux Québécois aux côtés de l'indépendance.

Nicolas Marceau soutient que la bataille serait à armes égales. Un gouvernement péquiste créerait deux secrétariats, l'un à l'indépendance et l'autre au fédéralisme renouvelé dirigé par le négociateur fédéraliste, dotés des mêmes moyens, « adéquats ». Il faut « donner une vraie chance aux deux options » pour rassembler les camps indépendantiste et nationaliste, selon M. Marceau. Un gouvernement péquiste agirait « de bonne foi », a-t-il insisté.

Le groupe se dit néanmoins convaincu que la position qui serait défendue par le gouvernement péquiste, l'indépendance, l'emporterait. Mais si la nouvelle offre constitutionnelle ou le statu quo devait obtenir la faveur populaire, un premier ministre péquiste devrait « reconnaître la légitimité » du résultat. Il devrait donc concrétiser le « Canada renouvelé ». 

Nicolas Marceau a laissé entendre que ce serait alors la fin des revendications indépendantistes de la part du Parti québécois pour l'avenir prévisible. « Je ne peux pas parler pour l'éternité mais, de toute évidence, si l'option du fédéralisme renouvelé l'emporte, le Parti québécois devra reconnaître cette situation et il faudra mettre en vigueur le changement convenu. Et une fois que ces changements auront été convenus, on va vivre avec ça. Si 20 ans, 30 ans plus tard, une insatisfaction se manifeste, je ne vais pas m'engager », a affirmé M. Marceau.

Questionné sur l'hypothèse d'une victoire du statu quo, Nicolas Marceau n'est pas allé jusqu'à dire qu'un gouvernement péquiste signerait la Constitution de 1982. 

Selon les trois députés, la Coalition avenir Québec ne peut briser le statu quo avec sa proposition de fédéralisme renouvelé, « vouée à l'échec ». Il lui manque la « menace séparatiste » pour forcer des changements, a expliqué Alain Therrien. Les nationalistes seront satisfaits de la nouvelle proposition « parce qu'on leur donne le couteau qu'ils peuvent appliquer sur la gorge du gouvernement fédéral », a renchéri Nicolas Marceau. 

Le groupe veut convaincre les candidats à la direction du PQ d'adopter sa position. Si aucun d'entre eux ne le fait, il entend continuer de militer pour que sa proposition soit retenue par le PQ aux prochaines élections.