Uber est prêt à suspendre ses activités au Québec le temps de s'entendre avec le gouvernement sur la mise en place d'un projet pilote, où la multinationale accepterait plusieurs concessions d'indiquer Jean-Nicolas Guillemette, directeur de Uber au Québec.

Dans son témoignage devant la commission parlementaire qui se penche sur le projet de loi 100, Uber souligne que «dans son état actuel le projet de loi empêche les services de co-voiturage urbain comme Uber d'opérer puisqu'il ne permet pas aux citoyens d'utiliser leur propre voiture pour offrir un mode de transport alternatif».

Les chauffeurs qui travaillent souvent moins de dix heures par semaine, «seront incapables de générer assez d'argent pour couvrir les frais requis pour devenir chauffeur de taxi à temps plein», ils «abandonneront donc cette source de revenu flexible».

Pour Uber, le gouvernement doit renoncer au principe central de son projet de loi, pour reconnaître le covoiturage urbain. On pourrait mettre sur pied un projet pilote d'une durée d'un an qui permettrait d'évaluer l'impact réel du modèle d'Uber sur le taxi traditionnel.

Uber propose aussi de verser 100 000$ au gouvernement pour opérer son réseau. En outre la compagnie fait passer de 10 cents à 35 cents la taxe spéciale qu'elle serait prête à verser à Québec pour chaque course. On consentirait un sept cents supplémentaire par course, pour tenir compte du risque plus lourd d'accident, supporté par la Société d'assurance automobile du Québec.

En tout, c'est 3 millions de dollars par année que verserait Uber au gouvernement. On accepte aussi l'idée que la taxe s'applique sur le premier dollar perçu pour une course -actuellement on ne verse pas de tps tant que l'on n'a pas atteint 30 000$ de revenu.

Les taxis traditionnels conserveraient des privilèges, le droit de prendre des clients qui hèlent une voiture sur la rue, de bénéficier des postes d'attente, des voies réservées et des téléphones dans les immeubles. Finalement, les taxis conserveraient les contrats gouvernementaux qui représentent plus de 25% de leur chiffre d'affaire actuellement.

Plus tôt, la Fédération des chambres de commerce est revenue faire son plaidoyer en faveur de l'économie de partage, et d'Uber qui introduit une saine compétition dans l'offre de transport d'expliquer Stéphane Forget, le directeur général par intérim. «La concurrence fait plus de gagnants que de perdants» résume-t-il.

Paul-Daniel Muller, l'économiste de la fédération rappelle que d'autres changements dans le passé ont chambardé l'ordre établi. Quand Proprio Direct est apparu, l'industrie du courtage immobilier a dû s'ajuster. Le gouvernement a aussi permis l'ouverture des grandes surfaces le dimanche, même dans l'alimentation, une décision qui a eu un impact certain sur les dépanneurs.

D'entrée de jeu, mardi matin, le porte-parole de l'industrie du taxi, l'ancien ministre Guy Chevrette a eu une déclaration incendiaire, taxant de «voleurs» les administrateurs d'Uber.

L'industrie du taxi traditionnel est favorable au projet de loi qui forcerait les chauffeurs d'Uber à obtenir une licence et un permis de taxi avant de transporter des clients. Une telle obligation ne permettrait plus au modèle d'Uber de fonctionner affirme de son côté la multinationale.

Pour M. Chevrette, «Uber a un comportement de criminel endurci. Il sait qu'on est dans une société de droit, qu'on a des droits et règlements. On ne peut pas parler d'un exemple de vertu, c'est un voleur, qui vole nos taxes. Ça m'insulte, cela me rend honteux que le gouvernement prenne autant de temps pour arrêter un voleur. Si c'était un petit citoyen derrière les barreaux, cela fait longtemps qu'on l'aurait collecté !» a-t-il martelé.

Pour lui, le débat autour d'Uber va bien au-delà du paiement de la TVQ et de la TPS. «On gruge le revenu de 22 000 travailleurs du taxi et personne ne s'en soucie. Même les jeunes libéraux ! Ils ne sont pas conscients ce qu'est 22 000 travailleurs qui se sont acheté un emploi, qui ont payé 200 000$ et qui voient des gens sans gêne venir voler leur territoire !» de lancer M. Chevrette.

Les chauffeurs s'attendent à ce que le gouvernement rachète leurs permis, une facture totale de 1,4 milliards s'il veut laisser libre cours à Uber. «S'ils abolissent le système de permis, qu'ils nous exproprient ! Ce serait mieux que de nous faire gruger à long terme», de soutenir l'ancien ministre.

Pour M. Chevrette, on ne peut parler «d'économie du partage» quand un système demande 400$ pour une course de Montréal à Laval.