Un regroupement représentant plus de 300 organismes jeunesse demande au gouvernement de retourner à sa planche à dessin et de ne pas adopter le projet de loi 70 dans sa forme actuelle. Selon eux, la réforme de l'aide sociale « n'est qu'une punition au chèque » qui coupera les ailes des jeunes.

« Il n'y a pas de nouvelles mesures dans ce projet de loi, estime Isabelle Gendreau, du Regroupement des Auberges du coeur du Québec. Le projet ne fait que placer dans un carcan des jeunes en présumant qu'ils ne veulent pas apprendre, qu'ils ne veulent pas travailler. »

Dans sa dernière mouture qui a été présentée en commission parlementaire, des pénalités sont prévues au programme Objectif emploi pouvant aller jusqu'à réduire à 400 $ par mois le chèque d'aide sociale. Les organismes qui font front commun estime qu'au lieu d'adopter des « mesures coercitives », le ministre de l'Emploi, François Blais, devrait tabler sur l'accompagnement à travers divers programmes, et investir dans la prévention pour prévenir le décrochage.

« Il faut comprendre que les jeunes en difficultés ne décrochent pas parce qu'ils n'aiment pas les mathématiques, illustre Danielle Goulet, du Regroupement des écoles de la rue accréditées du Québec. Parfois, les jeunes vivent entassés à quatre ou cinq dans un petit logement. Quand il y a une chicane, un jeune peut se retrouver à la rue. Ce n'est pas en coupant son chèque qu'on va l'aider dans ses aspirations. »

Selon Mme Gauthier, les programmes communautaires existants en matière de soutien et de raccrochage scolaire ont déjà montré leur efficacité.

« On parle de taux de réussite variant de 85 à 100 %, affirme-t-elle. Plusieurs de ces regroupements n'ont toutefois pas d'entente avec le gouvernement. Des projets ne sont pas reconnus. Il faudrait revoir ces programmes. À l'heure actuelle, le gouvernement est en train de rater sa cible. »

À quelques semaines de la fin des travaux parlementaires à Québec, le Regroupement d'organismes jeunesse craint que le projet de loi soit adopté sous le bâillon. Les organismes demandent au premier ministre de rectifier la situation, et « d'assumer son rôle de responsable de la jeunesse. »