La doyenne des femmes élues à l'Assemblée nationale, Nicole Léger, a décidé de passer le flambeau à la génération suivante en annonçant, mardi, son appui à Alexandre Cloutier.

Aux côtés du candidat à la direction du Parti québécois (PQ), Mme Léger a situé M. Cloutier dans la lignée du premier ministre René Lévesque.

Selon Mme Léger, M. Cloutier a tout ce qu'il faut pour devenir le prochain chef péquiste et le premier ministre d'un Québec indépendant.

Mme Léger est le neuvième appui du caucus de M. Cloutier, qui a annoncé sa candidature vendredi dernier. Son adversaire Véronique Hivon compte cinq députés à ses côtés.

Dans un point de presse, lundi, Mme Léger, élue il y a 20 ans pour la première fois, a rejeté la perception que l'appui de «pionniers» du PQ à M. Cloutier signifie qu'il est le candidat de l'establishment.

La semaine dernière, Mme Léger avait renoncé à ses fonctions de direction au sein de l'aile parlementaire péquiste, dont elle était présidente du caucus, afin de ne pas être soumise à la neutralité exigée.

Le whip en chef péquiste Harold LeBel ainsi que la leader parlementaire adjointe Agnès Maltais ont aussi quitté leurs fonctions pour appuyer M. Cloutier.

En annonçant son appui, Mme Léger a inscrit le travail de M. Cloutier dans la poursuite de ce qui avait été accompli par des péquistes qui ont formé pour la première fois un gouvernement, en 1976.

«Je te souhaite que la voie tracée par René Lévesque, par mon père Marcel Léger et par tous ces pionniers et ces militants de la première heure, puissent t'inspirer aujourd'hui et te permettre d'aller plus loin pour insuffler aux générations montantes le goût de construire un Québec à la hauteur de nos espoirs, solidaire, prospère et bientôt souverain», a-t-elle dit.

Mme Léger a affirmé qu'il ne fallait pas confondre les pionniers avec ce qui pourrait être considéré comme l'establishment du PQ.

«L'establishement, je ne sais pas ce que ça veut dire vraiment. Ce qui est important, c'est que le message d'Alexandre est très clair, on veut rassembler, peu importe l'âge», a-t-elle dit.

Dans une mêlée de presse qui a suivi, Mme Hivon a constaté que M. Cloutier avait reçu l'appui «des personnes en autorité qui, évidemment, représentent la stabilité ou la continuité du parti».

«On peut constater que les officiers, ça, c'est un fait, se sont rangés en bloc avec M. Cloutier», a-t-elle dit.

Le candidat Jean-François Lisée a observé que les appuis dont dispose M. Cloutier sont sans conséquence pour sa liberté d'action.

«Moi je ne pense pas qu'Alexandre est prisonnier de l'establishment, a-t-il dit. J'ai vu ce qui s'est passé dans les derniers jours, Alexandre est quelqu'un qui est très solide, très indépendant.»

M. Lisée a répliqué à Québec solidaire, qui l'accuse d'être flou avec une stratégie référendaire qui ne prévoit pas de référendum dans un premier mandat d'un gouvernement péquiste.

«Ce n'est pas de ne pas en parler, c'est de mettre en lumière l'indépendance et de se donner un temps raisonnable pour développer une proposition solide», a-t-il dit.

Selon M. Lisée, dont la stratégie prévoit une consultation dans le mandat de 2022 à 2026, le mot référendum «stresse» les électeurs et nuit au Parti québécois.

«Le mot référendum est le principal repoussoir à cette mobilisation, a-t-il dit. Je pense que c'est un poison, il faut le retirer du système pour parler des autres choses y compris de l'indépendance.»

La députée Martine Ouellet a reconnu qu'il existe un establishment au PQ, sans toutefois faire de lien avec les appuis de M. Cloutier.

«Ça va et ça vient, les gens que vous appelez l'establishment, a-t-elle dit aux journalistes. Il y en a et ça change au gré des années.»

Mme Ouellet a affirmé qu'elle annoncera sa décision concernant sa candidature le 27 mai prochain.

«On ne sent pas de sentiment d'urgence du tout, a-t-elle dit. On en a vu peut-être un peu dans les derniers jours.»

Le chef caquiste François Legault a noté que la stratégie de M. Lisée, qui vise à battre d'abord les libéraux pour ensuite aller vers la souveraineté, est vouée à l'échec.

«Tout ce que fait Jean-François Lisée, c'est qu'il reporte le problème à plus tard, mais il ne réussira pas à aller chercher des appuis», a-t-il dit.