Alexandre Cloutier va se lancer dans la course à la succession de Pierre Karl Péladeau, peu importe qui se présente, a-t-il affirmé à sa collègue Véronique Hivon lors d'une rencontre qui s'est discrètement tenue à Québec, hier.

Le ton était cordial, mais le message était sans détour : le député de Lac-Saint-Jean a clairement affirmé à sa collègue qu'il n'entend pas renoncer à la succession de Pierre Karl Péladeau. Mme Hivon, qui a appuyé M. Cloutier lors de la dernière course à la direction, lui a indiqué qu'elle est toujours en réflexion quant à sa propre candidature.

M. Cloutier a également discuté des responsabilités qu'il compte confier aux différents membres de son équipe lorsqu'il lancera sa campagne.

Dans un message publié sur sa page Facebook quelques heures plus tôt, le député a dit avoir reçu « des milliers » de messages d'appui depuis le début de la semaine. Il n'a toutefois pas confirmé sa candidature, soulignant que la priorité du PQ est de choisir un chef par intérim.

Le scénario d'un choc entre ces deux alliés de la dernière course semblait donc se préciser, hier. Tout comme le sérieux de la candidature de la députée de Joliette.

Le doyen du caucus péquiste, François Gendron, a confirmé à La Presse qu'il a encouragé Mme Hivon à briguer la direction du parti lors d'une conversation récente. Cet encouragement ne constitue pas un appui formel à sa candidature, a-t-il toutefois précisé.

Le député d'Abitibi-Ouest a appuyé Alexandre Cloutier lors de la dernière course à la direction. Hier, il n'a pas voulu lui réitérer son soutien, tout comme il n'a pas voulu appuyer Mme Hivon.

« On n'est pas rendu là, a-t-il dit. Ce n'est pas contre Alexandre, j'adore Alexandre. Mais je ne suis pas rendu là. »

UN COURONNEMENT ENVISAGEABLE, SELON GENDRON

Le député estime que ses collègues pourraient envisager un couronnement, un scénario qui permettrait au PQ de faire l'économie d'une course à la direction. Pour cela, il faudrait qu'un candidat fasse consensus au sein des troupes péquistes.

M. Gendron compte discuter de la question avec ses collègues lorsque le caucus se réunira dans un hôtel de Québec, demain.

Dans le camp Hivon, les démarches de M. Gendron ont été interprétées comme une invitation claire à briguer la direction.

« Il a exprimé son désir qu'elle se lance et il s'est montré favorable à sa candidature », a indiqué une source proche de la députée.

Plusieurs péquistes contactés hier ont d'ailleurs confirmé que la candidature possible de Mme Hivon prend de l'élan.

Des militants aussi ont envoyé des signaux favorables à la députée de Joliette. L'Association du Parti québécois de Jean-Talon, à Québec, a adopté une résolution pour « inviter » Mme Hivon à présenter sa candidature.

C'est la première association militante à poser un geste semblable, a indiqué son président, Clément Laberge.

« On pense que la manière d'aborder la chose politique de Mme Hivon, le ton qu'elle adopte sur la place publique, sa manière d'aborder les enjeux de façon très ouverte, moins vindicative que d'autres, nous plaît beaucoup, a expliqué M. Laberge, un ancien candidat du PQ. On veut que ce soit une alternative à présenter aux militants. »

Mme Hivon a déjà porté les couleurs du Parti québécois dans Jean-Talon, lors des élections de 2007. Elle s'était inclinée contre Philippe Couillard, qui était alors ministre de la Santé.