Il n'habitait pas Saint-Jérôme. Il n'y avait ni grandi ni étudié. Le choix de se présenter dans cette circonscription avait donc soulevé moult questionnements, il y a deux ans. Pourtant, le député a tenu la promesse faite à ses électeurs. Il était présent dans sa circonscription, beaucoup plus « que le client en demandait ».

« Depuis les 12 ans que je travaille ici, aucun autre député n'a été aussi présent que M. Péladeau », a déclaré Chantal Harvey, rencontrée à la Maison Courtemanche. Selon la copropriétaire de ce service de traiteur, le député de Saint-Jérôme faisait régulièrement appel à l'entreprise locale pour des événements spéciaux. C'est avec déception que son équipe et elle ont appris sa démission.

« Ils nous ont donné beaucoup de travail, Julie Snyder et lui. Ils nous amenaient même dans des événements à Montréal », raconte celle qui a dû imaginer de nombreuses recettes végétariennes pour satisfaire l'ex-couple.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

En 12 ans, Chantal Harvey, copropriétaire du traiteur Maison Courtemanche à Saint-Jérôme, estime n’avoir jamais vu un député aussi présent dans la circonscription que Pierre Karl Péladeau.

À la lunetterie Les Branchés - où M. Péladeau était allé chercher des appuis pour soumettre sa candidature comme député en mars 2014 -, le discours était similaire.

« Je sais qu'il allait à la fromagerie du marché, que les filles de Sugar Lady avaient cuisiné des petits gâteaux pour la fête de l'un de ses enfants. Quand il s'est marié, il avait aussi fait affaire avec des commerces locaux. Oui, il encourageait beaucoup les entreprises de son comté », a raconté Carine Valiquette, qui n'a pas personnellement revu le député depuis qu'il avait sollicité sa signature, deux ans plus tôt.

LA PERTE D'UN ALLIÉ

Le maire de Saint-Jérôme côtoyait régulièrement son acolyte. Selon lui, M. Péladeau était présent dans sa circonscription presque toutes les semaines et participait à de nombreux événements à titre de député - des visites qui n'auraient pratiquement pas diminué en fréquence lorsqu'il a été élu à la tête du Parti québécois.

« Encore la semaine dernière, il était dans un spaghetti-thon et il servait des assiettes de spaghettis à des aînés, explique Stéphane Maher. Il n'avait pas besoin de faire ça. Il avait le statut de chef de l'opposition officielle ! Mais il le faisait et il aimait le faire. Ce n'était pas forcé. »

Le maire, comme presque tout le monde, est tombé des nues, hier, lorsqu'il a appris le retrait total et immédiat de Pierre Karl Péladeau de la vie politique.

Il admet franchement que la notoriété de l'homme était bénéfique pour le rayonnement de Saint-Jérôme, et il se désole de perdre un allié « qui défendait bien les enjeux économiques de la capitale régionale » de 75 000 habitants.

« C'est une grande déception pour Saint-Jérôme, mais pour le Québec en général, souligne-t-il. M. Péladeau, c'est un homme d'envergure. »

Le maire, père de deux enfants, était aussi un homme d'affaires avant de faire le saut en politique. Bien que surpris par l'annonce de M. Péladeau, il ne doute pas de la véracité des motifs invoqués par ce dernier pour la justifier, soit le bien-être de ses enfants.

« Je crois à ça. On est dans les charges émotives quand on vient à ce niveau-là, et il n'y a rien de rationnel dans ce genre de décisions. Je suis convaincu qu'il a pris cette décision-là pour les bonnes raisons. »