La rémunération des médecins pourrait encore augmenter s'ils font la démonstration « à la Einstein » qu'ils ont un écart à combler par rapport au reste du Canada, a déclaré mardi le ministre de la Santé, Gaétan Barrette.

Les contrats de travail de la Fédération des médecins omnipraticiens (FMOQ) et de la Fédération des médecins spécialistes (FMSQ) sont échus depuis 2015 et des négociations devront être entreprises, a fait savoir le ministre. Québec leur propose une hausse de 5,25 % au total d'ici à 2022, en vertu d'une entente d'étalement, mais ne ferme pas la porte à une bonification, puisque « c'est la case départ », a convenu M. Barrette.

Ce 5,25 % vient de ce qui a été accordé à l'ensemble de la fonction publique dans le plus récent renouvellement des conventions collectives en 2015, et il s'ajoute aux augmentations déjà prévues aux enveloppes de rémunération des médecins.

Cependant, le corps médical devra fournir des garanties en matière de rendement et de performance, a laissé savoir le ministre.

« Mais pour avoir plus que ça, il faudra des circonstances qui sont différentes, a commenté M. Barrette en marge de la séance du caucus libéral à l'Assemblée nationale. L'argent qui arrive en avant doit être assujetti à des livrables (sic). »

Selon lui, les médecins, toutes catégories confondues, ont obtenu le rattrapage revendiqué par rapport à leurs confrères du reste du pays et ils gagnent par ailleurs des honoraires appropriés actuellement, compte tenu du niveau de richesse du Québec.

Cependant, il a reconnu du même souffle que la rémunération du corps médical dans les autres provinces peut aussi continuer d'évoluer et que les médecins québécois pourraient alors revendiquer le maintien de leur position.

Il soutient qu'il ne constate pas d'abus ou d'irrégularité actuellement, mais qu'il est ouvert à ce qu'on lui fasse une démonstration incontestable, à la Albert Einstein, a-t-il ironisé.

« Il faut qu'ils me démontrent vraiment que le Canada a bougé de telle manière qu'ils sont rendus trop loin pour les rattraper. Je ne vois pas, dans ma boule de cristal, devant moi, quelque rattrapage que ce soit à être fait, si je prends en considération les 5,25 % et ce qui reste dans les ententes à recevoir à venir. Alors si jamais il arrivait que quelqu'un me faisait une démonstration einsteinienne, bien peut-être que là... »

M. Barrette a admis avoir en quelque sorte un certain avantage dans les négociations à venir, d'autant plus que le projet de loi 20 qu'il a piloté prévoit des sanctions en cas de non-atteinte des cibles de rendement. Il en tient pour preuve que les médecins ne déchirent pas leur chemise actuellement.

« Je verrais mal les médecins faire des moyens de pression, aller sur la place publique. L'heure est à la livraison », a-t-il dit.

Satisfait du rendement

Enfin, le ministre de la Santé s'est dit satisfait du rendement actuel du corps médical dans la prestation des services et suggère que des données pourraient lui servir de munitions ultérieurement dans les négociations.

« J'ai suffisamment d'outils pour commenter la performance dans le temps, que je commenterai en temps et lieu », a-t-il conclu.

Les hausses de rémunération accordées aux médecins ont régulièrement fait la manchette et scandalisé l'opinion publique au cours des dernières années. Les augmentations prévues des enveloppes se chiffreront à 2,3 milliards de 2015 à 2021-2022.

Juste en 2015, l'État a dû verser 7 milliards $ en honoraires aux médecins, près de 50 % de plus que cinq ans auparavant.

De surcroît, la vérificatrice générale révélait l'automne dernier que la rémunération des médecins avait coûté 400 millions $ de plus que prévu entre 2010 et 2015.

La hausse des budgets en santé des dernières années a été en bonne partie grugée par la rémunération des médecins.