Source d'une controverse qui occulte l'action de son gouvernement, Sam Hamad a décidé de démissionner comme ministre, renonçant ainsi aux privilèges qu'il avait conservés -prime salariale, garde du corps et limousine- après sa suspension, la semaine dernière.

Le premier ministre Couillard avait soutenu, mercredi, que le ministre de retour de Floride allait répondre aux questions de la presse. Il s'est contenté d'une courte déclaration.

« Je souhaitais que mon action ne devienne pas une source de distraction pour l'action gouvernementale et le premier ministre. Force est d'admettre que cela l'est devenu. J'ai convenu de siéger comme député de Louis-Hébert, sans aucun autre privilège », a dit M. Hamad. Ce faisant, il renonce à l'automobile de fonction, au garde du corps et à la prime salariale accordée aux ministres, 68 000 $ par année, en sus du salaire de député.

À la période des questions, le député péquiste Bernard Drainville a réclamé que M. Hamad soit aussi expulsé du caucus des députés libéraux. Son chef Pierre Karl Péladeau a souligné que c'est le premier ministre Couillard, et non M. Hamad qui avait manqué de prudence, en le choisissant comme organisateur de sa campagne au leadership.

Amir Khadir, de Québec-Solidaire, en conférence de presse, a demandé la démission de M. Hamad de son siège de député. « Il nous ridiculise auprès de la population », a lancé Khadir.

Dans sa déclaration, Sam Hamad a expliqué son départ inopiné pour la Floride, une décision qui avait donné bien des munitions à l'opposition durant la période des questions mardi et mercredi. « Mon départ du Québec a été guidé par l'émotion, quand on se sent si injustement visé, on souhaite prendre une certaine distance. J'étais en colère, et la colère est mauvaise conseillère », a déclaré M. Hamad.

« Je peux comprendre que cela peut soulever l'indignation de la population, ce n'était pas mon intention », a-t-il poursuivi.

Il a répété que le reportage d'Enquête qui présentait des courriels de Marc-Yvan Côté sur le cheminement de la demande d'aide financière de Premier Tech, « mettait en scène des amalgames. Je n'ai pas à prendre la responsabilité de courriels dont je ne suis pas l'auteur », a-t-il souligné.

« Je n'ai rien à me reprocher et je vais me défendre jusqu'au bout », a-t-il martelé.

Le dossier de Premier Tech, était solide, « avec ou sans Côté ». Il a été évalué au mérite comme des dizaines d'autres d'assurer l'ancien président du Conseil du trésor, qui était à l'époque responsable du développement économique.

« J'ai toujours défendu avec vigueur des projets porteurs au Québec, dans toutes les régions. J'ai pu discuter avec les représentants de l'entreprise. Je l'ai fait sans divulguer quoi que ce soit, c'est le même niveau d'information que je donne a un député ministériel ou un député d'opposition qui s'informe de l'avancement d'un dossier dans son comté ». Seule admission, il reconnait qu'il aurait dû vérifier que les représentants de Premier Tech qui lui faisaient des représentations étaient enregistrés comme lobbyiste au registre.

« À 20 ans, j'ai traversé l'Atlantique avec une valise à la main et je suis fier de ce que j'ai réalisé depuis. Je ne laisserai personne porter atteinte à mon intégrité, à mon honneur, je vais me défendre jusqu'au bout », a prévenu M. Hamad avant de quitter le point de presse.

Il n'a fait aucun commentaire ni répondu aux questions des journalistes lors de sa brève déclaration.