Le gouvernement Couillard doit renoncer à son projet de créer un registre québécois des armes d'épaule, a déclaré mercredi l'Association canadienne pour les armes à feu.

L'organisme, qui compte 72 000 membres, dont 8000 au Québec, a été le premier à prendre la parole à la commission parlementaire sur le projet de loi 64. Cette initiative prévoit l'immatriculation de toutes les armes longues sur le territoire québécois afin de remplacer le registre fédéral aboli par le gouvernement conservateur de Stephen Harper.

Selon l'avocat Guy Lavergne, que l'Association a embauché pour défendre son point de vue, il est inutile pour le gouvernement libéral d'amender ou de modifier le projet de loi.

« Il faut carrément l'abandonner », a-t-il déclaré avant sa présentation aux parlementaires.

Selon lui, les arguments utilisés pour justifier la création d'un registre québécois des armes d'épaule « ne reposent sur aucun fait vérifiable ».

Il fait valoir que la criminalité est en baisse depuis des décennies et que l'abolition du registre fédéral n'a rien changé à cette tendance. Par ailleurs, il doute le coût du programme sera limité à 20 millions, comme l'a promis le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux.

Quant aux chasseurs, le programme entraînerait pour eux une série de « tracasseries ». En outre, ils devraient porter en tout temps une preuve de l'immatriculation de leur arme, sous peine d'amendes sévères.

« C'est un système qui est fait pour décourager toutes les activités qui impliquent des armes à feu et pour arriver, éventuellement, à une société où il n'y a que les policiers et les militaires qui ont des armes à feu, a déclaré Me Lavergne. L'agenda est celui-là. »

Coiteux persiste

En matinée, M. Coiteux avait réitéré l'engagement de son gouvernement à créer un registre québécois. Il a rappelé que l'Assemblée nationale avait dénoncé à l'unanimité la décision du gouvernement Harper de détruire les données du registre fédéral.

« La question n'est pas de savoir si on doit avoir une connaissance sur les armes d'épaule qui sont en possession des citoyens et elles sont, a-t-il déclaré. C'est de comment le faire sans remettre en question des activités traditionnelles comme la chasse, avec le minimum d'irritants et au coût le plus raisonnable possible. »