Le gouvernement Couillard a beau annoncer des réinvestissements dans les services publics, grâce à sa marge de manoeuvre budgétaire retrouvée, le président de la CSN, Jacques Létourneau, appréhende déjà que ces réinvestissements ne soient pas suffisants pour compenser les compressions subies dans le passé.

La CSN, qui sort tout juste d'une tumultueuse négociation du secteur public, a réuni 300 délégués en conseil confédéral, ces jours-ci à Montréal. C'était aussi pour elle l'occasion de faire le point, à la veille du budget Leitao.

« C'était le même discours que M. Couillard avait avant les Fêtes, en disant "il y a un remaniement ministériel; la rigueur budgétaire est derrière nous, maintenant on va se mettre dans une perspective de réinvestissement ». Il faudra voir au final quels sont les gestes posés concrètement par le gouvernement du Québec. Dans ce sens-là, on a raison de craindre que les choix qui seront faits ne soient pas à la hauteur de ce qu'on peut souhaiter en termes de réinvestissements", a lancé M. Létourneau.

Le dirigeant syndical estime que les réinvestissements dans les services publics sont nécessaires en éducation - ce que le premier ministre Philippe Couillard s'est déjà engagé à faire -, mais il rappelle qu'il en faudra également en santé et dans les services sociaux et dans d'autres secteurs affectés par les compressions budgétaires.

"Les compressions budgétaires des dernières années ont fait mal, particulièrement celles du dernier budget. Est-ce que des réinvestissements vont nous remettre à niveau avec ce qu'on a connu dans le passé, je ne le pense pas. Le gouvernement parle de réinvestissements en éducation, mais en santé, c'est encore un gros point d'interrogation", a-t-il lancé.

Au cours d'une entrevue après son allocution, le dirigeant syndical a dit craindre que le gouvernement, pour des raisons idéologiques, garde sa diète minceur et réinvestisse trop peu, sans réparer ce qui a été affecté par les compressions passées.

Il espère toutefois que le contexte électoral à venir parviendra à assouplir sa rigueur.

"Ça reste un gouvernement qui est toujours dans la même lignée de pensée, c'est-à-dire revoir le rôle de l'État, réorganisation des services... Je pense que le gouvernement Couillard est encore à la même place. Maintenant, c'est un gouvernement qui entre dans le deuxième droit de son mandat. Est-ce que c'est un gouvernement qui va essayer de charmer un peu plus l'opinion publique, ce n'est pas impossible non plus", a-t-il conclu.

Le président de la CSN déplore l'"attitude extrêmement passive" du gouvernement en matière de développement économique. Il juge que les régions du Québec ont carrément été laissées à elles-mêmes et rappelle les compressions qui ont touché les Centres locaux de développement.

"On a mis la hache dans toutes les instances de concertation et de développement régional qui permettaient d'asseoir les acteurs socio-économiques, que ce soit dans le secteur du papier et de la forêt, de la métallurgie, du commerce de détail", a-t-il critiqué.