La colère gronde au ministère des Finances du Québec. Le budget qui sera déposé jeudi doit être imprimé en fin de semaine. Un échéancier qui pourrait être plus problématique désormais : les professionnels du Ministère estiment qu'ils sont traités injustement, qu'un « fossé salarial » les sépare de ceux qui font le même travail ailleurs.

Selon les informations obtenues par La Presse, une pétition a circulé au cours des derniers jours au ministère de Carlos Leitao. La quasi-totalité de la centaine de professionnels qui y travaillent ont signé cette requête qui devrait être déposée la semaine prochaine à l'Assemblée nationale. Il n'y a pas eu de moyens de pression exercés jusqu'ici, mais après 15 ans de revendications, on laisse entendre qu'il en sera autrement à l'avenir.

En vertu de leurs fonctions, les professionnels des Finances - comme leurs collègues du Trésor, d'ailleurs -, ne peuvent être syndiqués puisqu'ils ont accès au cadre financier du gouvernement, donc à une série d'informations privilégiées, qui rendraient impossible une négociation normale. D'ailleurs, ils ne souhaitent pas obtenir ce droit, conscients qu'en raison de leur nombre, ils ne pèseraient pas lourd dans une ronde de négociations avec le secteur public.

Cette situation se traduit par des conditions de travail en dessous de celles de tous les postes comparables pour ces spécialistes économiques. Un professionnel aux Finances gagne 45 000 $ à l'entrée et 75 000 $ après 11 ans. Ce revenu est d'environ 40 % inférieur à ce qui est offert pour le même poste au gouvernement fédéral. Avec les employés des sociétés d'État, l'écart est de 30 à 35 %. Avec les fiscalistes du secteur privé, l'écart est encore plus flagrant, un retard de 66 % - les deux groupes travaillent quotidiennement ensemble.

« Au Québec, les gens qui gèrent les loteries sont mieux traités que ceux qui s'occupent de la dette publique », ironise-t-on. Les professionnels des Finances font notamment les projections, les simulations qui permettent de prédire l'effet des mesures envisagées.

TRAITEMENTS DISTINCTS

Avec la montée des revendications au cours des derniers mois, le ton a monté, et les mises en garde ressemblent désormais davantage à des menaces. Toute velléité de syndicalisation entraînerait un risque de congédiement, explique-t-on.

Le Conseil du trésor, responsable des conditions de travail, a carrément refusé d'entendre les revendications de ces professionnels. Dans le passé, les ingénieurs du gouvernement avaient obtenu d'être traités de façon distincte - ils étaient jusqu'alors intégrés dans les professionnels à Québec. Les procureurs de la Couronne et les juristes du gouvernement ont aussi des traitements distincts de l'ensemble de la fonction publique.